Partie 3
Une pluie de sang, des visages meurtris et des cris d’effrois dans la nuit, les visions de Julien étaient de plus en plus forte. Chacun de ces rêves était des plus réalistes, un véritable cauchemar. Tous ces gens semblaient terrifiés, envahis par la peur et par l’horreur, il se remémorait chacun d’entre eux, chaque visage. Du sang, toujours plus de sang, des coins sombres, des ruelles dans la pénombre et des scènes de tortures, il fallait que tout cela s’arrête, cela en devenait insupportable, Julien ne dormait presque plus. Qui pouvaient-ils bien être, à qui appartenaient tous ces corps et toutes ces âmes ? Est-ce que Lucas faisait les mêmes rêves ? Sans doute, mais il n’en disait rien.

Alexandre était impatient, Michel leur avait promis de leur confier rapidement une nouvelle mission. Il regardait son épée, une fine lame trempée dans l’argent qui luisait à chacun de ses mouvements. C’était une pure merveille. Il était tranquillement assis devant la télévision dans un vieux fauteuil marron de style 17ème, regardant les programmes destinés aux ados pré-pubères en manque de sensation forte. Michael dormait dans le canapé confortable à l’arrière de la pièce, pendant que Jérôme sirotait un demi en regardant par la fenêtre de la villa que leur avait fournit la division angélique. Elle se situait en plein centre ville, légèrement en retrait pour être suffisamment discrète, avec un petit jardin devant qui laissait penser qu’une famille fortunée résidait en ces lieux. Ils étaient tous trois attendant patiemment le moment venu, se remémorant les souvenirs de leur ancienne vie. Apres plusieurs jours, ils s’étaient totalement accoutumé de leur nouveau statut, contrôlant parfaitement leurs pouvoirs. Les trois anges s’entraînaient près de quatre heures par jour au combat et au maniement de leur aptitudes psychiques. Les missions qui se succédèrent les semaines suivantes étaient dénuées d’intérêt, sauf pour Alexandre qui prenait un malin plaisir à exterminer tous les ennemis de la confrérie angélique du Vatican. Huit expéditions punitives en un mois lui convenaient parfaitement. Il avait particulièrement apprécié la dernière. Ils s’étaient rendus tous trois en banlieue et avait pour mission de trouver et de massacrer c’était le terme exact employé par Michel quatre humains travaillant pour la mafia sévissant depuis quelques mois dans la région. Ce fut un véritable régal, il avait été grandiose, tranchant la gorge de deux de ces rats avec grâce et brutalité. Ensuite des renforts étaient venus et s’était vu totalement dépassé par les anges.

Jérôme pensait à leur dernier combat tout en dégustant sa fabuleuse bière qu’il aimait tant. Ce dernier affrontement ne s’était pas passé comme prévu. Ils avaient tué de nombreuses personnes. Les journalistes avaient été choqués par la barbarie des meurtres qu’ils avaient perpétrés. Jérôme se demandait sans cesse comment les forces angéliques pouvait cautionner une telle cruauté. Peut être était-ce parce que la mafia tuait elle aussi, mais il trouvait le châtiment divin quelque peu disproportionné. Il termina sa bière et sortit du salon. Il longea le grand couloir sombre sans allumer la lumière et se dirigea vers sa chambre. Celle-ci était somptueuse, ornée de quatre tapisseries datant de plusieurs siècles. Il s’assit à son bureau en chêne massif et sorti un carnet du tiroir. Il tourna les feuilles d’argent et se mit à écrire à la plume.
Aujourd’hui, Lundi 15, vingt et une heures.
Comme chaque jour depuis maintenant un mois, nous nous sommes entraînés au sous sol dans la pièce protégée prévue à cet effet. Nous attendons l’appel de notre contact pour une nouvelle mission. Je me demande si les autres sont sujets eux aussi à une profonde tristesse, je n’aime pas donner la mort même pour servir dieu. C’est un sentiment si douloureux, si……

Le téléphone sonna et Jérôme sursauta, c’était sans doute une nouvelle mission. Dans le salon, Michael se réveilla et regarda Alexandre bondir sur l’appareil. Après quelques instants, il raccrocha le combiné. Michael l’interrogea du regard à l’instant même où Jérôme entra.
- Nous sommes convoqués immédiatement au Q.G. à Notre Dame, dit Alexandre sur un ton inquiet.
Presque immédiatement, ils prirent leurs affaires et sortirent de la villa. Ils n’étaient qu’à une minute de l’église. En arrivant devant, ils s’arrêtèrent pour contempler l’ouvrage. la nuit venait à peine de tomber et un doux vent soufflait pour les accueillir. En levant la tête, Michael aperçu les gargouilles, simples statues de pierre pour les humains, c’était en fait de redoutables créatures prêtes à défendre l’église contre l’envahisseur. Il régnait une atmosphère spéciale. Ils n’avaient jamais ressenti une énergie démoniaque aussi puissante. Pourtant aucune gargouille n’avait esquissé le moindre geste. Ils entrèrent dans l’église et ne virent aucun changement. Seules quelques personnes étaient venues prier. Entrant dans le presbytère pour emprunter la porte secrète, il décidèrent de sortir leurs armes. En traversant le passage, il n’étaient pas préparé à ce qu’ils allaient voir. Une superbe femme, belle à damner un saint, habillée d’une longue robe de soie rouge dont le décolleté aurait perverti le plus pieu des hommes, se tenait devant eux. Sa peau semblait douce, blanche et nacrée, son regard passait d’un ange à l’autre avec un certain mépris et un amusement à la fois. Cette femme, aussi belle soit-elle était un démon.

Sophie s’habituait rapidement à sa nouvelle vie et son maître était si gentil et si beau. Elle s’imaginait souvent qu’il venait la rejoindre tard le soir dans son lit, déchirant violemment sa robe de nuit blanche en satin. Ensuite, leurs corps s’enlaçaient et s’élevaient jusqu’au septième ciel car elle lui offrait ce qu’elle avait de plus précieux, sa virginité. Quelle ironie du sort, pour une fois qu’un homme lui plaisait, celui-ci ne semblait intéressé que par son travail. Mais elle était heureuse, Léo et son frère était à ses petits soins à chaque fois qu’il le pouvait, quand Monsieur Julien n’avait pas besoin d’eux. Et puis, il y avait Ludovic, ce gamin était tout pour elle. Il respirait la joie et la bonne humeur, aidant Monsieur Lucas du mieux qu’il le pouvait. Il suivait le vampire partout, et buvait ses paroles en être convaincu. Une très grande complicité était née entre le maître et l’élève. Pour la première fois de sa vie, Sophie avait l’impression d’appartenir à une famille. D’autant que Monsieur Julien était gentil lui aussi. Il venait parfois se confier à elle car c’était la seule femme de la maison. Il lui avait avoué s’être épris follement de Léonia, oubliant presque totalement sa nouvelle petite amie. Léonia le subjuguait, il aurait fait n’importe quoi pour elle. Mais c’était une démone de plus de cent ans et d’une puissance incommensurable. Sophie comprenait bien la situation, Monsieur Lucas lui aussi la considérait comme un serviteur. Perdue dans ses pensées, elle décida de se reprendre et d’inspecter soigneusement la maison pour vérifier que les travaux étaient bien terminés.

Le salon était superbe, de grands rideaux en velours rouge foncé étaient soigneusement disposés de chaque côté des portes fenêtres. La table de la salle à manger et les huit chaises en séquoia venaient d’être vernies. On voyait sous celle-ci un magnifique tapis venu d’orient dans des tons rouge et marron foncé. Cette pièce ressemblait fort au château que l’on voyait dans les films. Sophie se dirigea vers sa chambre au travers d’un couloir où se trouvait une galerie de toiles datant de la renaissance. Elle passa devant le bureau de Messieurs Julien et Lucas et s’arrêta pour écouter et entendre le téléphone. Son nouvel état de goule lui permettait de discerner chaque mot de maître Julien et de son interlocuteur. Ses deux maîtres devaientt se rendre d’urgence devant l’église de Notre Dame et y rejoindre Léonia pour une mission qui pouvait durer plus d’une journée. Sophie se sentie triste à l’idée de ne plus voir le ténébreux vampire, Monsieur Lucas, durant plus d’une journée. Elle rentra dans sa chambre où l’attendait le jeune Ludovic. Il était là, le sourire aux lèvres assis sur le lit à baldaquins. Sophie se força à sourire puis fut surprise par l’arrivée silencieuse de son maître. Celui-ci regarda son protégé et lui parla tendrement.
- Julien et moi devons partir pour quelques jours. Tu seras l’homme de la maison. Prends bien soin de notre petite miss !

C’est ainsi qu’il appelait celle qui avait choisit de le suivre. Avec beaucoup de tendresse, il regarda Sophie et lui lança un de ses sourires comme dans les contes de fée ; elle choisit de détourner son regard pour ne pas qu’il la voit pleurer.
Ludovic avait remarqué que depuis quelques temps, Monsieur Lucas ne semblait plus totalement insensible à la chercheuse, pourtant, il savait que son maître mettait clairement des barrières entre la jeune femme et lui, et cela affectait grandement Sophie.
Léo et son frère attendait tranquillement dans la voiture que Julien leur dise de démarrer. Dès que Lucas fut assis, il en reçurent le feu vert. En moins d’une demi heure, ils arrivèrent devant Notre Dame. Presque immédiatement, ils s’aperçurent que les gargouilles de l’église avaient réagit et les surveillaient. Mais Julien ne l’avait pas remarqué, son regard s’était arrêté sur le trottoir. Là, Léonia les attendait. Elle portait toujours sa magnifique robe rouge et des talons aiguilles de la même couleur. Elle vint à leur rencontre, les salua et les invita à la suivre. Deux êtres que Lucas n’avait jamais vu se joignèrent à eux. Leur aura maléfique était surprenante d’intensité. L’église elle-même eut un léger tremblement lorsqu’ils franchirent la grande porte. Après avoir traversé quelques passages, ils entrèrent dans une immense salle où le silence régnait. Julien n’avait jamais vu une telle concentration d’anges et de démons. Les deux camps étaient disposés dans la salle de manièrent à être parfaitement opposés. Léonia plaça ses deux disciples et s’installa à une table située au centre de la salle. A coté d’elle se trouvait des êtres, aussi bien angéliques que démoniaques, au charisme particulièrement impressionnant.

Sophie était décidée, elle demanda à Ludo de l’accompagner dans les boutiques de la ville, elle voulait radicalement changer de look pour paraître encore plus féminine. Elle parcourut la ville de long en large, entrant dans plus de cinquante magasins et après plusieurs heures, elle eut enfin terminé ses achats au plus grand soulagement de Ludo. Elle avait choisi de nombreuses robes, jupes, shorts, ainsi que de nombreux sous vêtements, mais la tenue qu’elle avait choisi de porter en sortant du dernier magasin était la préférée de Ludovic. Le fait que plus des trois quart des hommes qui croisaient la jeune femme se retournait sur son passage, rendait le gamin très fier de son choix. Après tout c’est lui qui avait fort bien conseillé Sophie. Elle était habillée d’un petit haut moulant de couleur bleue ciel transparent qui épousait parfaitement ses formes, laissant voir la couleur de son soutien gorge noir en dentelle. Elle portait une minijupe noire très bien découpée, d’une douceur se rapprochant de la soie qui se terminait au milieu de ses cuisses. Sa longue paire de jambes dont la peau était légèrement halée se terminait pas une somptueuse paire de talons hauts noirs. Des lunettes de soleil très sombres parachevaient l’effet magique qui la rendait plus désirable qu’une déesse. Derrière elle, de nombreux hommes ne pouvaient s’empêcher de suivre du regard le mouvement de ses muscles fessier. Pas un millimètre de graisse ne venait entacher sa divine beauté. Sur le chemin du retour, Ludovic dû plusieurs fois jouer le petit ami de la jeune femme pour que l’on cesse de l’importuner.

Alexandre ne s’attendait certainement pas à cela. Derrière La superbe créature démoniaque se trouvait ses amis Lucas et Julien qui était eux aussi des démons. Il s’arrêta net, attrapant le bras de Michael tout en désignant ses anciens amis. Ils les connaissaient depuis plus de quatre ans et se voyaient tous les étés pour faire des jeux de rôle. Il les dévisagea longtemps, jusqu'à ce que Julien les aperçoivent. Alors ils décidèrent de s’asseoir à leur place. Jérôme remarqua immédiatement que Michel, leur archange, s’était positionné juste en face de la belle inconnue démoniaque.
Un vieil homme se leva et le silence envahi la salle. Julien en profita pour contempler les merveilleuse fresques qui recouvraient les murs. C’était des scènes de grandes batailles et de paradis célestes. Ces rêveries furent interrompues lorsque le vieil homme pris la parole.

Lucas fixait attentivement le vieil homme. Même d’un âge avancé, il gardait l’apparence d’un guerrier puissant et respecté. Il présenta brièvement la dizaine de personnes se trouvant à la table centrale. Le grand homme roux et musclé, qui ressemblait à un guerrier viking était l’archange général des armées divines Michel, à sa droite se trouvait un jeune garçon aux cheveux blonds, Elekase, surnommé l’intendant de Dieu. C’était lui qui était le représentant de Yavé parmi les anges. Personne ne connaissait véritablement l’étendue de ses pouvoirs, mais chacun reconnaissait sa légitimité. A la gauche de Michel était placée une femme mure aux yeux verts en amande qui inspirait le respect et qui était vêtue d’une sorte d’uniforme militaire ne cachant rien de ses formes avantageuses ; c’était l’archange Alexandra, gardienne du paradis. Parmi les anges, il y avait aussi Dimitri, archange de la justice au visage grave et impassible, redouté de tous, sa mission favorite était de chasser les renégats et les impies et de les faire souffrir le plus possible avant de les tuer. Célessia archange de la communication qui avait pris l’apparence d’une fillette blonde victime de la mode pour l’occasion était en bout de table. En face de Michel, se trouvait la divine Léonia princesse vampire dont personne ne connaissait véritablement la nature. Cependant, elle était respectée car elle avait été enfantée par Cain lui-même, ce qui était un véritable honneur. Elle était entourée par Baal jeune et puissant prince de la guerre à l’allure bestiale et par le serpentaire, prince de la tentation et du pêché qui était l’un des favoris de Lucifer. Les trois autres démons présents étaient Night mare, prince des cauchemars paré d’une longue cape noire agrémentée d’une capuche qui cachait son visage ne laissant apparaître que deux yeux rouges luisants, Kronos, le prince du temps dont l’apparence semblait constamment changer comme s’il était prisonnier de deux époques et Famine l’un des quatre cavaliers de l’apocalypse revenu sur le devant de la scène pour affaiblir le continent africain.

Une fois les présentations terminées, le vieil homme réclama toute l’attention :
- Lucifer, le préféré des enfants de Dieu, était le plus beau et le plus puissant des anges. Son pouvoir n’avait d’égal que son ambition, il voulait surpasser son père. Mais personne ne surpasse le puissant. Alors Lucifer fut chassé de la lumière. Là, il retrouva Cain, déchu lui aussi pour avoir refusé la miséricorde du Seigneur. Les deux êtres étaient très puissants et apprirent à dominer les créature de la nuit. Si Cain fut condamné à boire du sang ainsi que tous ses descendants, il compris bien vite que le sang lui procurait de nombreux pouvoirs. Pendant ce temps, Lucifer s’était constitué une armée de Démons et tenta de conquérir le Paradis, mais fut repoussé par la puissance divine lors des guerres saintes. Sur terre, Cain et ses vampires étaient devenus très influents, contrôlant les hommes. Mais aujourd’hui, leurs pouvoirs déclinent. Par contre, Lucifer, convertit de plus en plus d’adeptes ce qui équilibre les choses. A l’inverse, les Anges dominent complètement le paradis et les enfers et ils aimeraient étendre leur pouvoir sur terre. De tout temps depuis cette chute, Anges et Démons se sont affrontés. Mais aujourd’hui, il existe une troisième force. Nous ne savons plus très bien quand cela à commencé, ni par qui, ni comment, mais cette force veut nous détruire. Elle veut anéantir les anges et les démons. Ceci terminerait la guerre qui nous divise depuis la nuit des temps. Mais il va de soit que nous n’avons envie que cette guerre prenne fin si les deux forces sont détruites. C’est pourquoi, nous devons nous unir pour écraser cette minorité.

Le vieil homme, laissa passer quelques secondes pour augmenter l’effet de gravité. La salle se remplit de murmures. Pour retrouver le silence, l’orateur leva les bras d’une façon théâtrale :
- Nous devons nous unir. Leur base se situe sur une île non répertoriée de l’océan pacifique. Si vous êtes d’accord, nous nous y rendrons dès ce soir. Maintenant procédons au vote.