Comme tous les matins, à 9h15, précisément, je prenais le métro, ligne 1, à la station Porte Maillot. Il y avait un monde incroyable constitué d'égoïstes, de pressés, de nonchalants, de bizarres, bref je croisais, dans ce flot humain, un échantillon de la société. A chaque fois, tous les matins, en allant à mon travail.
Je ne demandais rien à personne. Je vivais ma vie.
Mais ce matin-là, il avait fallu qu'un gars fasse tout chambouler, bousculer la vie pénarde d'une personne lambda, petit pion de l'échiquier mondial. C'est à dire, moi…
Pour une fois, je m'étais assis sur un strapontin, dans le sens de la marche et commençais à lire le 20 minutes. Un homme -le gars, en question- vint s'asseoir à côté de moi. Jusque-là, rien d'anormal. Mais cet homme ne cessait de tousser, devenant rouge écarlate, la tête entre les mains. Certains râlaient, d'autres grimaçaient ou bien s'en fichaient. Mais moi j'étais juste à côté de lui et je voyais qu'il n'allait pas bien. Et au moment où je décidais de lui proposer mon aide pour je-ne-sais-quoi, il se mit à vomir franchement sur ses pieds.
Et ce fut lors d'un énième spasme que je vis, ainsi que les autres, son visage ! Je ne saurais décrire exactement ce qui me faisait face, c'était une vision cauchemardesque. L'horreur avait atteint un point de non-retour. Le spectacle qui se déroulait devant nos yeux atteignait le sommet de l'épouvante et du gore ! Les bruits de mon estomac ne me rassuraient pas et me provoquaient d'écoeurantes nausées.
Lorsque le métro freina brusquement et fit tomber quelques personnes, je réalisai que ma vie allait changer pour toujours.
La panique arriva lorsque le gars se jeta sur une jeune femme pour la mordre au cou et lui arracher un morceau de chair, de la taille de mon poing. L'odeur du sang me piqua rapidement le nez. Les gens se bousculaient, se marchaient dessus. Des relents d'acides gastriques planaient dans la rame. Les hommes, les femmes, les vieux, les jeunes oubliaient tous sens civilisés pour essayer de sauver leur peau. L'instinct avait pris le dessus au détriment de la raison.
Tout s'accéléra en un instant et dans l'anarchie la plus totale, la mort ne cessait de compter ses victimes. Les monstres se multipliaient à une vitesse incroyable. Quelques voyageurs dont je reconnaissais certaines têtes et moi-même étions rapidement encerclés…
On pouvait enfin sortir du métro. On arriva très vite à la Défense après avoir longé les wagons dans le tunnel. C'est à ce moment même, dans un ultime éclair de conscience, que l'on se rendit compte que le cauchemar allait vraiment commencer et que la bataille entre nous et les vivants serait sans doute difficile. Mais en attendant ce qui comptait avant tout c'était de pouvoir se mettre quelque chose sous la dent…et vite…!
FIN