La vieille femme et son chat
Alors que le soleil commençait à se coucher, un orage éclata : des pluies incessantes formaient des flaques d'eau dans son jardin qui devint rapidement un terrain glissant.
Par une belle journée d'été, une vieille femme caressait son gros matou, noir avec des yeux verts, tranquillement installée dans son fauteuil à bascule, sur le perron de sa maison : le soleil brillait, il faisait chaud et les insectes étaient au rendez-vous. Son mari avait disparu il y avait vingt ans maintenant, sans aucune explication. Depuis ce jour-là, elle l'attendait avec patience.
Soudain, elle se rendit compte que son chat n'était pas chez elle, à l'abri. Malgré le mauvais temps, elle sortit dehors pour récupérer son animal adoré, qui, assis sur le rebord du puits au fond du jardin, la regardait mystérieusement. Elle voulut se dépêcher mais glissa à cause de la boue et tomba dans le puits avec lui au moment où elle essaya de l'attraper.
Quatre mètres plus bas, la pauvre femme poussa un cri de douleur quand elle tenta de bouger : elle s'était tordu la cheville. A ce moment-là, elle sut qu'elle ne pouvait plus remonter à la surface. Elle entendit son chat miauler, ce qui la soulagea un court instant. En effet, dans ces miaulements, elle identifia également des voix : surprise, intriguée, se posant de multiples questions, elle décida de suivre ces bruits étranges. La veuve déboucha sur de vieilles galeries quand elle reconnut la voix de son mari disparu. Elle s'enfonça plus encore dans l'un de ces passages souterrains jusqu'à distinguer une tache lumineuse. En s'approchant davantage, elle aperçut son mari dans cette lumière sombre et étrange, qui était en train de creuser pour cacher de l'argent. La pauvre femme se mit à blêmir; elle était comme paralysée et entendit son cœur battre fortement. Puis, prise de tremblements, elle se mit à crier. A ce moment-là, son époux lui adressa la parole: "Viens m'aider, il faut le cacher avant qu'ils n'arrivent!".
Sans comprendre un seul mot, dans un mouvement de panique, elle commença à courir, de plus en plus vite, en oubliant la douleur à la cheville, jusqu'à trébucher sur quelque chose. Quand elle voulut savoir ce qui l'avait fait tomber, elle chercha à tâtons et sentit du métal froid: elle reconnut alors le médaillon que portait son mari grâce à la gravure imprimée en relief dessus. Elle sut alors qu'elle avait buté sur son cadavre...
Quelques mois plus tard, on pouvait voir le chat de la veuve, sur le rebord du puits, comme transformé en statue le jour et l'entendre, au crépuscule, poussant de terribles miaulements à travers la campagne...

