La valse des loups
Le jour à peine disparu, une lune ronde et blanche s'accrocha dans le ciel de la forêt de
Lupus. Tout était calme, alors la lune descendit doucement et se cacha derrière les grands
arbres, l'obscurité était presque totale.
Quelque chose bougea dans la clairière. Petits craquements ! Ombre furtive ! Soudain
quelques éclairs de lumière surgirent, impressionnants ! Un oeil perçant ! Deux yeux
Eclatants ! Puis de nouveau cette obscurité pesante.
Au milieu de la clairière, on commençait à discerner une sculpture bizarre qui se construisait
doucement et montait jusqu'au ciel. Des personnages étranges se tenant sur deux pattes
s'affairaient sur cet ouvrage, mais, même en tendant l'oreille, le silence restait absolu. Une
note d'accordéon résonna dans la fraîcheur de la nuit, puis des tambours lui répondirent.
D'un seul coup, le feu surgit de cette sculpture de bois laissant apparaître dans une lumière
chaude et éclatante, une ronde de loups assis par terre, tendu sur leur derrière. Et la valse
commença, tournant, virant et virevoltant, en léchant les flammes, les loups dansaient, que
dis-je, ils volaient plus légers que l'air autour du terrible brasier. Dans la forêt de Lupus, plus
un animal ne bougeait, pétrifié par cette toute puissance lupesque* qui émanait de la clairière.
Même les vipères se détournaient sans bruit pour éviter ce lieu sacré. Toute la nuit, aux sons
des accordéons, louves et loups chantèrent et dansèrent comme fols.
Sont-ce bien des loups ? Sont-ils plus humains que nous ? Une pâle lueur rouge se dessina
dans le ciel, là -bas, vers l’est. Alors, un vieillard leva sa canne très haut vers le firmament. Et
un à un ils disparurent, laissant comme seule preuve de leur passage un grand cercle noir
brûlé au milieu de la clairière. Trace de cendre dans les brumes de novembre, le feu est mort
mais les loups vivent encore...
Fin
Stéphy