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Les créatures d'halloween
11/10/2007 23:58
Les créatures d'Halloween
Traditionnellement, Halloween est synonyme pour chacun de nous de petits monstres plus hideux les uns que les autres, de gnomes ou de lutins, mais il faut savoir qu'à l'origine les rites celtes ne comportaient ni démons ni diablotins, qui prolifèrent pourtant dans nos sociétés judéo-chrétiennes. Non, non, rien de tout cela au royaume du mouton, les celtes, rappelez vous, avaient les fées.
Mais attention, pas n'importe quelles fées... Ces fées là étaient en quelque sorte dépositaires de la terre sur laquelle les hommes vivaient, et on pensait qu'elles étaient hostiles aux humains qu'elles accusaient de grapiller chaque jour un peu plus ces terres aujourd'hui chargées de légendes et de belles histoires.
On raconte que les plus belles fées du monde vivaient alors en Irlande, petites créatures gracieuses et imposantes, elles portaient le nom de Dana O'Shee. Elles vivaient comme les chevaliers et les dames de l'époque de la Chevalerie avec un roi, une reine et une cour.
Mais attention, même les plus adorables pouvaient être perfides. Celui qui était séduit par leur beauté ou charmé par leur musique risquait sa perte.
Elles profitaient donc de la nuit de la Samain autrement dit la nuit d'Halloween pendant laquelle les esprits des morts se mêlaient aux vivants pour s'en aller jouer des mauvais tours aux humains bien fait pour eux comme par exemple les attirer dans la lande où ils étaient ensuite retenus prisonniers, condamnés à errer pour toujours.
Un conte irlandais raconte l'histoire d'une femme nommée Molly, enlevée par les génies pour s'occuper d'un nourrisson. John, son époux désespéré, n'entendit plus parler d'elle pendant six semaines. Puis une voisine lui raconta l'hisoire qu'elle avait vécu en tant que sage-femme auprès de la reine des fées. Elle lui dit avoir vu Molly et découvert comment la sauver: John devait se saisir d'elle et la garder dans ses bras quand la troupe des génies passerait devant lui. Guidé par la voisine, John réussit finalement à sauver sa femme.
Une légende similaire conte une fin bien moins heureuse : afin de libérer sa femme retenue prisonière par les fées, un homme devait surveiller leur cortège la veille d'Halloween et verser une cruche de lait frais sur son épouse quand elle passerait devant lui. Mais malheureusement le lait contenait quelques gouttes d'eau ce qui rendit le sortilège inopérant. La femme tomba de son cheval, les fées se rassemblèrent autour d'elle et l'homme ne la revit plus. Le lendemain, la route était couverte de sang de la femme qui avait péri. Les fées s'étaient vengées.
Plutôt vicieuses non ?
Ce n'est que bien plus tard, après le passage des Chrétiens en terre celte et leur habituel remaniement de la culture locale nous y reviendrons, que certains se mirent à considérer les fées comme des anges qui, ayant refusé de se lier à Dieu ou à Lucifer, furent condamnées à hanter la terre jusqu'au jugement dernier. De ce changement de perspective et à partir de cette époque, semble-t-il, d'autres légendes populaires d'autres régions vinrent se méler à la mayonnaise mystique qu'allait devenir Halloween au XXe siècle : fantômes, têtes de mort et autres monstres terrifiants issus de l'imaginaire le plus archaïque.
Les sorcières
Le cas de la présence des sorcières dans la tradition d'Halloween est de toute autre nature. Halloween était en fait, et est toujours, l'une des six dates des grands sabbats annuels des sorcières, c'est à dire des fêtes saisonnières de la tradition celte.Puisque la pratique des sorcières s'est toujours inspirée très profondément de ces rites ancestraux, elles ont été associées à l'esprit d'Halloween dès les premières grandes vagues de persécution menées contre elles entre le XIVe et le XVIIe siècle en Europe et dans les colonies du Nouveau Monde.
Les autres dates des sabbats annuels sont le 2 février qui est l'Imbolc, la fête de l'eau lustrale (Purification et Chandeleur chrétienne); le 23 juin : la Saint Jean; le 1er août : le Lugnasad, la fête de Saint Pierre aux liens (en Ecosse); le 21 septembre: l'équinoxe et la Saint Thomas.
A cela viennent s'ajouter deux dates principales: le 31 octobre qui est donc la nuit d'Halloween, et le 30 avril qui est la nuit du grand sabbat : la Walpurgisnacht ou Nuit du Walpurgis, ainsi nommée car elle précède la fête de Sainte Walpurge, la religieuse qui avait accompagné Saint Boniface dans sa mission d'évangélisation de l'Allemagne, où elle mourut en 779.
Au cour du Moyen Age, le caractère mystérieux de leur mode de vie d'ermites et leurs pratiques peu orthodoxes suscitèrent l'incompréhension de leurs contemporains et déclenchèrent à travers tout le continent européen des vocations de chasseurs de sorcières principalement motivées par une peur panique de l'inconnu et de la transgression des lois bibliques fixées par un dieu qu'ils craignaient plus que tout.
Alimentée par le tribunal de l'Inquisition (qui était chargé, entre le XIIIe et XIXe siècle, de rechercher et de poursuivre l'hérésie dans certains Etats catholiques), leur imagination était obsédée par leurs fantasmes refoulés, par des visions d'assemblées de corps dénudés engagés dans des festins où tous se gorgeaient gloutonnement, conduisant le sabbat à son paroxysme : l'orgie sexuelle et débridée où démons et humains copulaient frénétiquement.
Dans leurs esprits fous et aveuglés par la haine, le chant du coq marquait la fin du sabbat et les participants que l'on imaginait épuisés rentraient chez eux jusqu'à la prochaine fois, ou jusqu'à leur arrestation, leur interrogatoire, leur torture, et leur fin sur le bûcher.
D'après la tradition celte, au cours de la nuit d'Halloween, nous l'avons vu, le monde des vivants et celui des morts s'interpénètrent, on accède alors à l'univers fantastique, féerique et terrifiant des peuples de la nuit, ceux qui hantent nos cauchemars comme nos rêves les plus doux. Il n'y a plus de frontière, il n'y a plus de temps.
L'imagination et les peurs d'une autre époque font le reste. Démons, sorcières, morts-vivants, et autres gnomes entrent dans la danse. D'où les couleurs sombres et négatives qu'Halloween revêt la plupart du temps.
Tout cela est bien sérieux, je vous vois venir, vous allez me demander maintenant où sont passés la fête et l'esprit farceur d'Halloween dans tout ça. Voilà, voilà, j'y venais justement, et d'ailleurs c'est bête comme chou.
Revenons donc à l'époque des celtes d'Irlande...
En plus des fées, particulièrement actives en cette fin d'année, des hommes au caractère un peu joyeux s'il en est profitaient de la nuit pour aller causer du tort à leurs voisins les plus superstitieux et naïfs. Et comme cette nuit n’appartenait ni à l’année qui se terminait ni à celle qui commençait, les celtes pensaient que c'était un jour où régnait le chaos, nos joyeux farceurs avaient donc toute liberté pour jouer des mauvais tours aux uns et aux autres puisqu'ils étaient excusés d'avance !!
Beaucoup en profitaient donc pour se défouler un bon coup avant l'arrivée de la morte saison.
En pratique, ça donnait à peu près ça: déguisés en fées, les vilains messieurs se promenaient de maison en maison et réclamaient des offrandes de nourriture. Si le propriétaire des lieux manquait à procurer les denrées exigées, la punition était la farce.
Habituellement, par superstition, les gens laissaient de la nourriture ou du lait sur les marches de leur demeure à l'intention des fées pour s'attirer leur bénédiction et leur protection pour l'année à venir, ce qui facilitait grandement la tâche des bandes de joyeux lurons qui parcouraient la lande avec des farces plein leur sac.
Pour impressionner leurs victimes, ils emportaient avec eux des masques hideux éclairés d'une bougie soigneusement sculptés dans des navets. Et oui, des navets !! La citrouille n'est venue que bien plus tard. Cette coutume donna lieu à la fameuse légende de Jack O'lantern qui est aussi associée à l'esprit d'Halloween.
La fête de Samain était aussi le théâtre de formidables festins au cours desquels on buvait de la bière, de l'hydromel et parfois du vin. On comprend mieux maintenant pourquoi certains étaient d'humeur à ficher la trouille aux voisins !
L'ivresse était un des moyens pour "décrocher" un temps de cette réalité et pénétrer dans l'Autre Monde. Côté viande, on mangeait du porc, viande qui selon les croyances et les rituels permettait d'accéder à l'immortalité. D'après un quatrain irlandais, on mangeait également "de l'andouille, du lait ribot (lait de baratte), du pain et du beurre frais". Les porcs étaient engraissés depuis l'équinoxe pour être littéralement sacrifiés au cours de ce festin à la fois religieux et civil, druidique et royal.
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