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VIP-Blog de happy-halloween
  • 137 articles publiés dans cette catégorie
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  • Créé le : 08/10/2007 00:27
    Modifié : 14/12/2023 03:49

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    Histoire de l'apprenti

    18/10/2007 00:08

    Histoire de l'apprenti


    Histoire de la mort de l'apprenti   

    Les combats fratricides faisaient rage entre factions catholiques et protestantes dans un pays à feu et à sang, au nom d'idéals tenus pour des vérités absolues et des certitudes de bonheurs ruinées par les épidémies au milieu d'un cahot humain où la mort se déclinait au quotidien. Après bien des combats, de sang versé et de tueries inutiles, la rumeur laissait entendre qu'on s'acheminerait vers la fin des hostilités avant la fin de l'été 1635.

    De nombreux désaccords et litiges restaient à résoudre. Chaque prince, chaque duché essayait d’obtenir le plus d'avantages possibles avant la ratification du traité de paix. L’enjeu n’était plus la victoire. Il n’y avait ni vainqueur ni vaincu, mais bien l'après guerre à gérer. Ainsi, il fallait s'assurer à la fois des ressources et de l’autorité. Les protestants s'étaient réunis à Osnabrück et les catholiques à Münster.

    Le congrès s'acheminait péniblement vers une convention durable qu'on appela la paix de Wesphalie. Après toutes ces années parricides, la guerre cessa. Chacun retourna à ses habitudes. La rage de vaincre avait disparu dans le cœur des gens plus occupées à panser leurs plaies qu’à en découdre avec d’hypothétiques ennemis. La moitié de la population allemande avait péri par les atrocités commises par l’autre moitié et le pays tout entier était ruiné.

    On avait faim, on avait froid et les greniers restaient cruellement vides. Le marché noir s’instaura, développant d’autres exactions, d’autres misères. Une fois encore, on se remettait à mourir par millier non plus par les armes mais par la famine, la peste et le choléra. Telle une fatalité divine, les hivers devinrent plus rigoureux ajoutant autant de tourments à la misère humaine.

    En ce début d’hivers, les chutes de neige avaient été abondantes, la couche atteignait la taille d’un homme debout. Passée le nouvel an, le temps changea. Un froid sec s’installa. Les enfants allaient patiner sur les eaux gelées des étangs et des cours d’eau, une saison idéale pour refaire provision de glace que l’on entreposait dans des caves profondes. La glace récoltée pouvait tenir une année entière, conservant aliments et denrées périssables. Conrad Hirsch, commerçant pâtissier et son commis s’étaient levés avant l’aube.

    Blottis au fond de la charrette sous d’épaisses fourrures de loup, ils se laissaient conduire par le cheval. Pour avoir fait le chemin très souvent, l’animal savait où se diriger, il y allait au pas lent de son rythme, Conrad le laissait faire. Vers l’est, le ciel prenait les teintes d’une aube polaire annonciatrice d’un jour glacial. Arrivé au bord du lac, Conrad stoppa l’équipage.

    - Dieu, qu’il fait froid ce matin. Hep petit ! Réveille-toi. On est arrivé.
    - Quoi ? Dit le gosse les yeux pleins de sommeil.
    - Je disais qu’il faisait un froid à ne pas mettre un chien dehors. Tu dormiras mieux ce soir. Debout paresseux ! On a juste le temps d’avaler un morceau et puis on se met au boulot. Aller, dit-il en secouant gentiment l’apprentis par les épaules.

    Peter se redressa, s’étira dans un bâillement bruyant, sauta à terre aussi leste qu’un chat. L’homme et son commis se dirigèrent vers un banc couvert de givre, l’époussetèrent, s’assirent lourdement. Conrad Hirsch posa le panier, sortit un drap enroulé autour d’une boule de pain, y tailla deux belles tranches, se mirent en demeure d’avaler leur en-cas, sans prononcer une seule parole de trop, sans même se regarder, chacun s’appliquant à mastiquer avec lenteur son pain et son fromage, amusés par les ébats de trois canards qui se baignaient dans l’unique trou d’eau qu’ils s’étaient réservé.

    - J’en goûterai bien un peu de votre eau de vie.
    - Foutre Dieu ! T’es bien jeune mon gars pour boire de cette eau là. Ça va t’occuper les pattes, lui dit-il en lui tendant une fillette de gniole.
    - Ouah ! Que c’est fort ! dit Peter en avalant une lampée d’alcool.
    - Hé là jeune homme, redonne-moi ça. Tu ne seras plus bon à rien si t’en bois trop.

    Conrad attrapa la petite bouteille, en but à son tour plusieurs rasades, se leva en essuyant les miettes de pain prisonnières de sa barbe, claqua bruyamment de la langue par contentement.
    - On n’est pas heureux ici, dit-il à son commis en lui administrant une bourrade amicale ?
    - Sûr qu’on est bien patron ! C’est qu’elle est bonne votre eau de vie. J’en reboirais bien un peu.

    - Hé ! Comme tu y vas ! Tu en auras à la pose si tu travailles vite et bien. C’est vrai qu’elle est foutrement bonne. Elle réchauffe le corps de l’homme en moins de deux !
    - Alors, vous devez être sacrément réchauffé, patron !
    - Petit impertinent, répondit Conrad en lui adressant un regard amusé et complice. Alors, on s’y met à cette glace ?
    - J’arrive patron.

    - Va chercher les sacs de cuir. Je vais les enfiler aux sabots, sans cela le cheval se gèlerait les jambes. Il ne serait plus bon à rien
    Peter remonta dans la carriole, prit les quatre sacs de cuir, les lança à son patron qui les chaussa au cheval l’homme empoigna la bride, s’engagea sur l’étendue gelée avec lenteur, jaugeait l’épaisseur de la glace d’un simple coup d’œil, très attentif au moindre bruit suspect, entraînait l’attelage jusqu’à ce qu’ils atteignirent l’endroit désiré.

    La bête hennissait d’inquiétude, hochait de la tête en tout sens, tirait sur la bride. Nonchalant, Peter suivait, amorçait quelques glissages, tombait sur l’arrière train, s’amusait comme un petit fou. Sa joie était communicative, Conrad aimait bien ce garçon, content de tout, heureux de vivre. Lui aussi aurait bien aimé glisser sur les fesses mais ce n’était plus de son âge.

    - Tu vas bien finir par te briser le cou, petit couillon, dit-il en ricanant. Ramène-toi un peu par ici. Je crois que le coin est bon.
    Conrad empoigna sa vrille, perça quelques trous alignés puis engagea le fer de l’égoïne, trancha la croûte glacée avec une étonnante facilité. A cet endroit, la glace n’était pas aussi épaisse qu’il l’aurait imaginé.

    - Patron ! Elle n'est pas un peu mince votre glace ce matin ?
    - T’en fais pas mon gars, elle pourrait bien supporter une dizaine de gars comme toi. Et puis, je t’ai déjà dit qu’on ne disait pas « votre glace, vos affaires, votre cheval » et que les choses que tu désignes ainsi ne sont pas les miennes. Cette glace appartient à qui veut la prendre. Bon sang de bon Dieu, qu’il fait froid, dit-il en soufflant dans ses moufles. Prends cette scie et remplace-moi un instant, il faut que j’aille pisser.

    - Soyez prudent patron, ne vous gelez pas votre machin !
    - J’ten foutrai des engelures à mon machin. Non mais !
    Le commis riait et sciait avec la vigueur et l’insouciance de ses quinze ans. Conrad s’éloigna, passa derrière la charrette, ouvrit son pantalon et entrepris de vider sa vessie. Il dirigeait son jet abondant et fumant toujours vers le même endroit, lâchant avec ostentation un pet retentissant qui ne manqua pas de déclencher l’hilarité du gamin.

    - Vous aller effrayer les corbeaux.
    - Tu apprendras, espèce de petit sot que tu es que pisser sans péter c’est comme un défilé sans trompettes, dit Conrad en secouant énergiquement sa verge.

    Autres rires en cascades du gamin quand brusquement, Conrad entendit un craquement, puis un autre plus fort encore. Il se retourna, aperçu son petit commis disparaître sous la glace en un instant. Le cheval se cabrait, affolé par le danger imminent. Puis se fut au tour de la charrette qui chavira sur l’arrière, entraînant le cheval dans son engloutissement. Conrad se précipita sur les rênes, eut à peine le temps d’ôter la bride, tira de toutes ses forces pour retenir l’animal.

    A son tour, il sentit le sol se dérober sous ses pieds. Il avait de l’eau à mi-cuisse, une eau glaciale, mordante qui atteignit son ventre. Saisi par l’extrême rudesse du froid, Conrad suffoqua. La panique s’empara de lui. Il s’agrippa à la crinière de son cheval, sauta sur l’encolure. La bête avait des gestes fous et des hennissements suraigus. En un instant, la situation tourna au drame. L’animal n’arrivait pas à remonter sur la glace qui se brisait sous son énorme poids.

    - Dans quelques instants tout sera trop tard se dit Conrad.
    A grand coup de gueule et de cravache, il força l’animal à avancer vers la rive. L’homme et la bête se frayaient un chenal jusqu’à ce qu’enfin, ils prissent pied sur la berge, l’un comme l'autre transis de froid, pétrifiés par la peur.

    Plus rien ne bougeait à la surface des eaux noires. Quelques plaques de glaces partaient à la dérive. Conrad fut saisi d’un tremblement violent. Il fallait qu’il se mette à l’abri, se réchauffer au plus vite s’il ne voulait pas mourir de froid. Il regrimpa sur sa monture et parti au grand galop vers la ville. L’air glacial lui cinglait le visage accentuait l’horrible sensation de froid mordant ses entrailles et ses poumons. Ses vêtements devinrent durs comme carton. Le cheval écumait, ses naseaux fumaient. Conrad poussa davantage l’animal au risque de le faire crever sous lui.

    Le lendemain, il retrouva son cheval allongé dans le box, à l’agonie, les yeux remplis d’une grande frayeur. Conrad resta près de lui jusqu’à sa fin en lui parlant doucement comme il aurait parlé à un ami, lui caressait les naseaux brûlants de fièvre, le remerciait pour l’avoir sauvé d’une mort certaine quand Elisabeth entra.

    - Dis, Papa, est-ce que notre cheval va mourir ?
    - Oui.
    - Tu crois qu’il va aller au ciel ?
    - Bien sûr ! Au ciel des chevaux.
    - Et les enfants, est-ce que tu crois qu’ils vont ciel quand ils meurent ?
    - Il y a un paradis pour tout le monde, pour les chevaux comme pour les humains.

    - Et bien moi je sais que le paradis, ça n’existe pas. C’est parce qu’on a peur de mourir.
    - Qui t’a dit cela ? Te voilà bien assurée !
    - Je le sais ! Dit Elisabeth avec aplomb.
    - Tu dis des sottises. Tu ferais mieux d’aller jouer avec tes poupées.
    - Je m’en fiche ! C’est pour les filles les poupées.
    - Tu n’es peut-être pas une fille ?

    - Si ! Mais je préfère jouer avec les garçons. Ils sont plus drôles.
    - Comme tu voudras, seulement fais-moi la promesse que tu ne parleras à personne du paradis comme tu l’as fais et que tu ne penseras plus à la mort. C’est normal de mourir mais tu es encore trop jeune pour t’en préoccuper.
    - Oui Papa ! Dit Elisabeth en haussant les épaules mais moi je mourrai avant d’être grande.

    - Je te trouve bien insolente et bizarre ce matin. Tu n’es qu’une petite impertinente. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
    - Si, renchéri-t-elle. Dieu c’est des mensonges qu’on raconte aux enfants.
    - Vas-tu te taire enfin ! Dit Conrad ulcéré. Qu’elle mouche t’a piquée pour être aussi effrontée ? Par le diable et tous les saints du paradis, j’en ai assez entendu. Va dans ta chambre. Tu y resteras jusqu’à l’heure de midi. Quelle foutue gamine fais-tu là ! Nom de nom de… qu’elle culot cette jeunesse qui croit tout savoir !

    Conrad avait demandé au curé s’il n’était pas possible de dire une messe pour son cheval. Contre le refus du prêtre, Conrad lu quelques prières à son animal puis le fit enterrer au cimetière, le prêtre ne put s’y opposer bien que la population du quartier aurait préféré manger sa viande tant ils en manquaient depuis des années de misères. Le cheval enseveli, Conrad, sa fille Elisabeth, le curé et quelques personnes de la paroisse se rendirent à l’étang. La glace s’était reformé ne laissant plus rien paraître.

    Enfin le dégel arriva. On repêcha un corps, celui de Peter. Il avait le visage détendu, les yeux mi-clos et la bouche entrouverte sur un sourire figé quand, soudain la bouche se déforma, les joues se boursouflèrent comme si quelque chose voulait en sortir, ses dents se desserrèrent laissant apparaître une tête d’anguille. L’animal s’extirpa de l’orifice buccal comme une vomissure sans fin, fila droit sur la berge rejoindre les eaux de glaciales de l’étang.

    FIN






    Poême

    18/10/2007 00:09

    Poême


        Nuit d'Halloween    

    Le vent me siffle, et délirant
    Me gifle, errant.

    Au coeur du temps je m'agenouille
    Près des citrouilles en firmament.

    Qui se rebiffe, un miaulement,
    Me griffe au sang.

    Au coeur du temps je m'agenouille
    Près des citrouilles en firmament.

    La lune vaine et cet instant
    Peinent autant.

    Au coeur du temps je m'agenouille
    Près des citrouilles en firmament.

    La bruine estompe énormément,
    Me trompe et ment.

    Au coeur du champ, mes yeux se brouillent
    Et je gribouille un "je t'attends"








    Légende : Frissons

    18/10/2007 00:11

    Légende : Frissons


    Frissons

    Laissez-moi vous conter ce soir funèbre où ma vie a basculé, ce soir où j'ai bien cru que j'allais mourir, ce soir où j'ai perdu la raison : c'était un soir de printemps, j'avais alors 14 ans.

    A cette époque, ma grand-mère maternelle n'allait pas bien du tout. Elle était à l'hôpital depuis déjà deux ou trois semaines, j'étais allé la voir quelques fois avec mes parents, mais elle ne me paraissait pas vraiment bien aller, et je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle ne rentrerait plus chez elle. Et puis aussi ce jour-là il avait fait beau, et je me sentais bien, ainsi, lorsque mes parents m'ont proposé d'aller la voir, avec eux, en cette fin d'après-midi, j'ai refusé.

    Mon père a alors suggéré d'aller au restaurant pour se détendre après la visite à l'hôpital, l'idée tentait ma mère, mais moi je voulais rester à la maison. Alors sans attendre je leur ai dit que je pouvais bien passer la soirée tout seul. Ils m'ont alors proposé d'inviter des copains si je le voulais, et je ne me suis pas fait prier pour accepter ! C'est ainsi que je me suis retrouvé ce soir-là avec Arnaud et David : deux amis avec qui je passais la majeure partie de mon temps depuis le début du collège.

    Nous nous trouvions dans ma chambre à écouter de la musique. Sans explications, Arnaud baissa le volume. David et moi le regardions, intrigués, puis finalement d'un air amusé il nous demanda :
    - Dites, ça ne vous dirait pas qu'on se raconte quelques histoires qui font peur, hein ? Ca pourrait être sympa, non ?

    J'hésitais quelques peu, surpris par cette proposition. Finalement David accepta, et je le suivis. Alors Arnaud tout en coupant la musique, nous demanda :
    - Alors ! qui commence ?

    Tout d'abord, aucun de nous ne répondit. Moi j'avais bien une idée d'histoire, mais je n'osais pas trop la raconter... Et mon dieu ! J'aurais vraiment bien fait de me taire ce soir-là, mais je ne l'ai pas fait : En effet, timidement je finis par répondre :
    - Heu... moi, à la limite... j'en ai bien une.
    - Ah ?
    - Ouais mais heu... je sais pas si elle va bien rendre.. je...
    - Bah allez, te fait pas prier, vas-y !

    Et je l'ai fait, malheureusement, je l'ai fait : Je me suis assis en tailleur sur le lit, et pendant que d'un air grave je fixais alternativement Arnaud et David, ils se sont assis autour de moi, au bord du matelas. J'ai laissé passer quelques secondes afin de rendre l'atmosphère encore un peu plus lourde, puis j'ai entamé mon récit :

    « C'est une histoire assez terrible dont j'ai entendu parler une fois. Cela se passait il y a quelques années : Un père de famille rentrait chez lui après le travail, il trouva sa maison en train de brûler. Il habitait à la campagne, et il n'y avait pas de voisins pour alerter les pompiers. Il pensa tout de suite à son fils de sept ans qui était peut-être dans la maison, il se précipita alors à l'intérieur, cria pour l'appeler, et il eut une réponse !

    Son fils était bloqué dans sa chambre, le père couru jusqu'à la porte, essaya de l'ouvrir, mais elle restait bloquée : Dans la chambre, une poutre tombée du plafond l'empêchait de s'ouvrir. Il cogna, et cogna encore de toutes ses forces contre la porte, il se ruait contre elle, son fils hurlait, il appelait à l'aide, et lui, il paniquait : la porte ne s'ouvrait pas.

    Il se rua encore contre elle, il hurlait de rage, pleurait de désespoir, il ne réfléchissait plus, il n'y avait plus que cette porte, et son fils qui hurlait de l'autre côté. Il a appelé à l'aide jusqu'à la fin : Son fils à brûlé dans la maison, et le père aussi. Il n'a jamais réussi à ouvrir la porte, et il est resté à se ruer contre elle jusqu'à sa mort. »

    Arnaud me regarda l'air dégoûté, et me dit :
    - Ben dit donc, c'est glauque !
    - C'est pas joyeux en effet, répondit David avant que je ne réagisse. Il avait aussi l'air assez choqué par l'histoire.
    C'est alors que, emporté par ce succès, j'ai raconté la suite. J'ai été stupide, elle me faisait aussi peur qu'à eux cette histoire, surtout la suite, et j'ai vraiment été idiot d'avoir continué, je n'aurais jamais dû, jamais.

    « Oui, mais vous ne connaissez pas la suite... Parce que depuis lors, le fantôme du père cherche toujours à ouvrir la porte et à sauver son fils. Et si tu dis... heu... je ne préfère pas le dire vraiment... Mais en gros si tu appeles à l'aide en criant « papa », que tu dis que tout brûle, et que tu lui demandes de venir te chercher, cela attire le fantôme, et il arrive derrière ta porte pour te prendre »

    David, pensif, me regarda l'air intrigué, et calmement me dit :
    - Purée ça fout les boules, c'est sûr... Mais bon toi, tu as déjà essayé de l'appeler ?
    - Non... ça me fait assez peur comme ça ! Je n'ai pas envie d'aller vérifier. »
    Arnaud, une lueur d'excitation dans le regard, observa David, puis moi, et finalement nous demanda :
    - Hé ! ça vous dirait d'essayer ?

    Je me crispai, comprenant que je n'avais pas du tout envie d'essayer une chose pareille, je regrettai déjà d'en avoir parlé. Mais David, lui, semblait y réfléchir, et au bout de quelques secondes il finit par lever la tête et dire « ouais ! Pourquoi pas ! ».

    J'allais leur dire que je ne souhaitais pas du tout faire une telle chose, mais Arnaud n'attendit pas que je manifeste mon opinion : Sans me porter le moindre regard, il commença à parler d'une voix aiguë et chevrotante, cherchant à imiter celle d'un petit garçon :
    - Papa ! ppaaappppaa, à l'aaaaiiiiiide, tooouuut brrrûûûûle autour de moi, j'ai peeeeeuuurrr !

    Il souriait, mais moi pas du tout : j'étais vraiment terrifié. Mais lui il souriait, et David le regardait avec amusement, sans rien dire. Et il reprit encore de plus belle, sa voix était maintenant plus forte, il criait presque :
    - Jejeeeeeee  brrrrruuuuuullllle, ppaaaaappppa, jeeee brrrruuuullleee , Ahhhhhhhhhh !

    - Arrète maintenant Arnaud ! Ce n'est pas drôle.
    C'était sorti comme ça, je le fusillais du regard, je me sentais énervé, mais j'étais surtout terrorisé, j'avais vraiment peur, et je ne voulais pas en entendre plus.
    - Ben... quoi ? T'as peur ? Oh, allez c'est pas grand-chose, non ? C'est une histoire ! c'est tout ! Allez...
    Et toujours ce stupide sourire aux lèvres il reprit :

    - paappaaaaa, Jeeee t'ennnnnnnn suuuuppplieee ppaapppaaaaa , Il  y a le feueueu   parrrttton !
    - Tu ! ... Arrètes! ... Maintenant ! ... Compris ? »
    Là il s'était tu, il n'y avait plus un bruit dans la chambre, Arnaud me regardait, l'air étonné, sûrement qu'il avait été surpris par l'agressivité et la colère que je venais de déployer pour lui crier de s'arrêter : J'en étais d'ailleurs essoufflé, et je le fixais du regard le plus réprobateur et colérique que je pouvais.

    On ne parlait plus, Arnaud et moi restions là, immobiles, à se fixer mutuellement. Finalement, David, tout timidement, finit par dire :
    - Bon, allez les gars, on ne va pas se disputer pour ça, hein les...
    « BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... »

    Nous avons sursauté tous les trois, une décharge d'adrénaline m'a envahi. Je me suis braqué ainsi que mes deux amis vers la source du bruit : vers la porte de ma chambre. Le bruit continuait, impassible et terrifiant :
    « ... BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... »

    - C'est quoi ce boucan ! s'écria Arnaud dont la voix couvrait à peine le bruit de coups de plus en plus fort qui provenait de la porte.
    - Si c'est une blague, c'est vraiment pas drôle, rétorqua David qui se tenait maintenant debout, plaqué contre le mur opposé à la porte. Il semblait mort de peur, il fallait dire que moi aussi je l'étais.

    Et puis là, en prime des coups contre la porte, ont commencé les cris, ces horribles cris qui malheureusement resteront je crois bien à jamais gravés dans ma mémoire. Je peux les entendre encore aujourd'hui alors que je vous parle : Cela ressemblait à un monstrueux mélange entre le brame d'un cerf et le cri d'un éléphant, même si cette description ne me semble pas si proche de la réalité, je ne trouve pas trop de comparatifs pour l'exprimer.

    Ce cri était en tout cas inhumain, aigu et profond, d'une tristesse infinie et d'une agressivité sans nom... Et les coups contre la porte, et ce cri horrible, continuaient, sans relâche, sans la moindre trêve. J'étais terrorisé, je m'étais rabattu vers les oreillers du lit, et je les serrais d'ailleurs très fort. Arnaud lui, plus valeureux, même s'il n'avait pas l'air très fier, avait saisi ma chaise de bureau, et la brandissait, prêt à frapper ce qui pourrait entrer dans la chambre.

    Mais ce fut David qui paniqua le plus, les cris immondes avaient dû finir de ronger les dernières subsistances du courage qui l'empêchait de s'écrouler : Il était maintenant assis contre le mur, recroquevillé sur lui-même, son visage était tout rouge, il pleurait, il gémissait, mais entre ses larmes il finit par parler un peu :
    - ooohhhhh noooonnn, c'est quoi ce truc, j'ai peeeuuur, à l'aide, à l'aaaiiiide.

    Immédiatement, comme pour répondre aux geignements de David, le cri se fit encore plus fort, encore plus déchirant, encore plus terrifiant. Cette fois-ci les coups redoublèrent contre la porte, elle était parcourue de soubresaut, mais bizarrement ou plutôt monstrueusement, elle restait fermée, et ne se brisait pas.
    Puis la panique finit d'envahir David, il se leva, ouvrit la fenêtre, et tout en pleurant nous dit :
    - J'veux pas rester là moi, j'préfère tenter ma chance par dehors.

    - Non, fais pas...
    Mais j'eus à peine le temps de réagir, qu'il était déjà en train de se laisser glisser par l'encadrement de la fenêtre. Et le temps de me lever du lit pour aller le retenir, je l'entendais déjà glisser sur les ardoises du toit puis, je ne l'entendis plus. Son silence m'a semblé durer très longtemps, et ce fut son cri, déchirant, qui me renvoya à la réalité :
    « Aahhh, j'ai maaall ! je suis tombbéééée ! Moonn doooos, Ahhhhh ! J'ai maaaallll ! »

    Et là l'horreur fut totale : A travers l'encadrement de la fenêtre, je regardais David, qui hurlait, gisant sur la terrasse du jardin, en bas. Et les cris émis par ce qui était derrière la porte devinrent complètement fous et assourdissants. Les coups portés devenaient plus fréquents, à un rythme monstrueux, insoutenable : Je devenais fou, tout cela était un cauchemar implacable, terrifiant, et les cris de David qui agonisait en bas ne faisaient qu'ajouter à l'horreur de la situation. Surtout que ni Arnaud ni moi ne pouvions sortir de la chambre pour lui venir en aide.

    Et l'odeur ! Je ne m'en étais pas rendu compte au début, mais maintenant l'air de la chambre en devenait suffocant tellement la puanteur était atroce. Une odeur de viande pourrie, mêlée à celle de cochon brûlé : et mon dieu c'était insoutenable, abominable. Je me suis détourné de la fenêtre : je vis Arnaud qui restait immobile, debout, sa chaise dans les mains, les yeux écarquillés, il avait l'air ailleurs.

    Je me demandais comment il faisait pour rester en plein milieu de la pièce, alors qu'elle baignait dans cette puanteur. C'est alors que sans bouger plus que la main, il finit par lâcher sa chaise, puis un soubresaut le parcouru, il se courba en deux, et vomis abondement sur la moquette. La vision que j'avais devant moi d'Arnaud vomissant, le son que cela produisit, ainsi que l'odeur qui se mêlait à celle immonde de viande pourrie et brûlée, en était trop pour moi aussi, et je vomis à mon tour.

    Je me sentais fatigué, je m'appuyai dos au mur, David continuait d'hurler au dehors, et les coups sur la porte n'arrêtaient plus, ils avaient encore redoublé. J'eus alors l'idée que les cris de David au dehors pouvaient stimuler la source de tout cela, et sans réfléchir d'avantage, je me retournai vers la fenêtre et la refermai avec empressement. J'eus du mal à expliquer à Arnaud pourquoi j'avais fermé la fenêtre, pourquoi on allait pas aider David.

    Mais il fallait arrêter de faire du bruit, des geignements, des plaintes qui pouvaient attirer ce qu'il y avait derrière la porte. Il fallait attendre qu'il s'en aille, avant de descendre au rez-de-chaussée appeler quelqu'un au téléphone pour venir en aide à David. Arnaud finit par comprendre, et nous nous sommes calmement assis, terrifiés malgré tout par cette ambiance cataclysmique de coups ininterrompus contre la porte, par ce cri immonde qui nous perçait les tympans, et par cette odeur insoutenable qui se mélangeait maintenant à l'odeur de nos vomissures.

    Et nous avons attendu que tout cela s'arrête, nous étions assis en tailleur, à même le sol, sans bouger, pales et terrifiés. Progressivement les cris se sont calmés, l'odeur s'est atténuée, et les coups contre la porte ont baissé en fréquence et en intensité' jusqu'à ce que le silence revienne enfin, et que nous pouvions de nouveau entendre, étouffés à travers la fenêtre fermée, les cris de douleur de David qui gisait toujours au dehors.

    Arnaud me regarda alors, et à voix basse me demanda :
    - A ton avis maintenant, qu'est ce qu'on fait ?
    Je réfléchis un peu avant de répondre, puis dit :
    - Il faudrait téléphoner aux pompiers, ou je sais pas, à une ambulance ! Pour venir en aide à David.
    - Il est où le téleph...
    - Le téléphone est en bas !
    - Tu penses que c'est parti ?

    - Ben, on ne l'entend plus...
    - C'est vrai...
    - Va falloir descendre en bas... Heu... j'ai pas trop envie.. de... de.. sortir. Je...
    - Bon, je vais y aller... De toute façon, il est plus là, hein ?
    - Heu... t'es sûr ?
    - Mais oui.

    Arnaud se leva alors lentement. D'un pas hésitant, il s'avança jusqu'à la porte. Saisis doucement la poignée, et poussa légèrement la porte qui s'entrebâilla sur le couloir. L'air amusé il se retourna vers moi, et dit à haute voix:
    - C'est dingue, la porte était ouverte, il est con ce fan...

    Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que comme un éclair, une main surgit de l'encadrement de la porte entrebâillée, se rallongea d'une manière monstrueuse et vint agripper Arnaud à la taille : Celui-ci restait pétrifié, sans même crier, les yeux écarquillés. A première vue, la main, et le bras m'avaient semblé de couleur noire, mais à cause des petites brillances, de ces sortes d'écailles que je discernais dessus, j'eus l'horreur de deviner que toute la peau de ce « bras » qui s'enroulait maintenant autour de la taille d'Arnaud était entièrement brûlée. D'ailleurs l'odeur de porc brûlé et de viande pourrie revint m'assaillir les narines.

    Je n'eus que le temps de me lever avant de voir Arnaud disparaître sous mes yeux, emporté dans le couloir à une vitesse impossible, puis la porte se referma dans un claquement assourdissant. Je courus jusqu'à la porte, mais je ne voulus pas y toucher, je ne voulais pas l'ouvrir. Je criai alors le nom d'Arnaud, j'ai bien dû rester là pendant une éternité à crier son nom, mais rien, aucune réponse.

    Et je n'avais pas osé ouvrir la porte : j'avais peur que cela soit encore derrière. Toujours comme aujourd'hui d'ailleurs : En effet, même maintenant j'ai encore la peur d'ouvrir une porte, mes parents m'ont amené chez le psychiatre après ce soir-là, mais je ne lui ai jamais rien dit, ni à personne d'ailleurs, pas même à mes parents. De toute façon, ils ne me croiraient pas.

    Personne ne revit jamais Arnaud, on m'a demandé si je l'avais vu ce soir-là, mais j'ai dit que non, et David en fit de même... : Lui, il passa un mois à l'hôpital, il s'était cassé le coccyx en tombant du toit... Et aussi bien lui que moi sommes maintenant toujours terrifiés quand nous nous retrouvons face à une porte fermée : Nous avons toujours peur qu'un jour cela vienne nous chercher à notre tour, nous n'osons plus ouvrir la moindre porte de peur qu'il soit de l'autre côté. Oui, nous avons et aurons maintenant toujours peur de ce qu'il peut y avoir... y avoir derrière la porte.

    Et vous ? Oseriez-vous crier " A l'aide papa" ?








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