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Des yeux effrayants
27/10/2007 07:20
Des yeux effrayants
Il était assis sur l'unique banc du parc, seul, perdu dans ses pensées, à l'affût du moindre son environnant. Du haut de ses huit ans, Hayden avait appris à vivre en solitaire, ignorant le regard des autres; ceux qui le dévisageait, qui ricanaient dans son dos, en se moquant de la balafre qu'il avait sur sa joue droite. Personne n'a jamais su comment il se l'était faite, mais il a toujours voulu en garder le secret. Elle dessinait une sorte de "S", rougeoyante à sa base et presque cicatrisée sous son oeil. Il ne s'en plaignait jamais; il faut dire qu'il a su se forger un caractère solide, pour éviter de prêter attention à tous ces gens qui le discriminait. Il n'était pas plus haut que la poubelle du parc, c'est d'ailleurs pour ça qu'il peinait à toucher le sol lorsqu'il était sur le banc, vu sa fâcheuse tendance à vouloir être bien calé. Au loin, le clocher du village sonnait huit heures du soir. Hayden émergea de ses rêves pour marcher le long des haies d'ifs qui longeaient la sortie du parc. Arrivé à la grille, il leva la tête vers l'horizon et scruta le ciel pour y voir le Soleil se coucher. La température baissait peu à peu, la luminosité aussi. En marchant sur le trottoir assombri, Hayden fut surpris par les réverbères qui s'allumaient, ce qui ne l'empêchait pas de continuer sa route.
Après quelques minutes de marche, la faim commençait à le tirailler, son ventre faisait des siennes et il n'avait ni les moyens, ni d'endroit pour pouvoir manger. Il lui arrivait parfois "d'emprunter" une pomme sur un étal, qu'il finissait toujours par rendre. Les commerçants étaient d'ailleurs étonnés de le voir débarquer ainsi, un fruit à la main, à insister jusqu'à qu'ils acceptent de le reprendre. Mais là, c'était différents, il était presque huit heures et demie, et il n'avait pas mangé de la journée. Il devait d'ailleurs faire des pauses fréquemment pour ne pas finir dans les vappes. Puis il parvint au coin d'une rue, où un restaurant imposant et majestueux dominait la place. Il s'en approcha. Hayden l'admirait. Il s'imaginait combien de merveilleuses pommes pouvaient s'y trouver, combien de frugaux mets il pouvait faire profiter ses papilles et combien de copieux gâteaux il aurait pu engloutir. Mais il fut ramené à la raison par un des portiers, qui le vira en le poussant vivement à terre. Il s'écorcha le genou et fit profiter le trottoir d'un peu de son sang. Après s'être fait traité de parasite et de monstre par l'homme qui l'avait poussé, il repartit, la larme à l'oeil, en abandonnant tout espoir d'obtenir quelconque nourriture pour la soirée. Il se résolut donc à trouver une poubelle, loin de cet infâme bâtiment, où il aurait le loisir de terminer des restes, ou de passer du temps avec des chats sauvages, qui s'échappaient plutôt à vive allure lorsqu'il s'en approchait. Terrassé par la faim et à bout de forces, Hayden s'assoupit lentement, adossé au mur d'un immeuble, seul dans la pénombre de la ruelle dans laquelle il avait trouvé refuge.
La nuit avait soudain pris une teneur inhabituelle. Le vent avait commencé à souffler tôt dans la soirée mais sa force croissait. Les nuages s'amoncelaient dans le ciel étoilé, et la lune était presque invisible à cause du voile qu'ils créaient. Hayden dormait profondément. Mais il ouvrit doucement les yeux lorsque son sommeil fut troublé par un râle lointain mais tellement proche à la fois. Hayden bailla, s'étira et décida de chercher l'origine du bruit. Il peinait à savoir s'il provenait de la rue ou de derrière le grillage au fond de la ruelle. Il opta pour la seconde option et s'approcha à pas de souris vers l'impasse, le coeur battant à cent à l'heure, les membres tremblotants et mille idées de ce qu'il pourrait trouver en tête. Puis il parvint au grillage. Le souffle rauque avait cessé. Hayden arrêta de respirer pour entendre un éventuel son mais le silence régnait. Un craquement brisa la tension et Hayden se retourna. Juste devant lui, deux yeux rouge sang le fixaient. Terrorisé, le garçon cria puis s'enfuit à toutes jambes. Il n'avait jamais couru aussi vite. Il stoppa sa course dans une autre ruelle et se cacha dans une poubelle, à bout de souffle. Il ferma les yeux et tenta de se calmer. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il entendit de nouveau le râle. Les deux yeux étaient revenus et le fixait d'une force intensivement menaçante. Pour Hayden, tout semblait si paisible autour de lui, pas un bruit ne venait perturber le terrifiant spectacle qui s'offrait devant lui. Seul le battement de son coeur arrivait encore à ne pas lui faire croire qu'il trépassait. Celui-ci battait si vite et si fort qu'Hayden pouvait le sentir à travers ses vêtements. Il était terrorisé par les yeux... Ces yeux de sang, venus de nulle-part pour le traquer où qu'il aille. Mais dans un ultime effort de survie, tandis que les deux yeux se rapprochaient de lui, Hayden poussa un cri et se releva, en poussant le couvercle de la poubelle. Il s'en extirpa tant bien que mal, et alors qu'il était presque sorti, il sentit une main agriper sa cheville. Il paniqua et agita les jambes aussi fort qu'il put, lorsque la force invisible qui le retenait prisonnier lâcha prise et le fit tomber à terre. Soulagé mais encore pris de panique, Hayden se releva et tourna la tête vers l'enfer dont il venait de ressortir, mais les yeux étaient partis. Ils laissèrent de nouveau place au silence. Hayden porta ses mains à sa poitrine, qui lui faisait extrêment mal, si bien qu'il suffoquait. Il s'assit sur un trottoir, à la vue de la foule, au cas où un des premiers passants matinaux se demanderait pourquoi un petit garçon en sueur est assis là, le souffle hâletant et tremblant de peur.
Sa tête tournait. Hayden peinait à garder les yeux ouvert, mais il ne voulait pas les fermer, craignant que la ténébreuse mésaventure ne recommence encore une fois. Cinq heures sonnaient. Il était si occupé à penser à ce qu'il venait de vivre qu'il en avait oublié que son ventre criait famine. Il fut très vite réconforté lorsqu'un homme vêtu sombrement s'approcha de lui :
- Et bien, mon garçon. Lèves-toi. Tu sais que tu le peux.
Hayden ne bougea pas un cil, appeuré par le ton par lequel l'homme l'avait abordé. Mais il semblait également si digne de confiance... Pour conforter cette idée, l'homme sortit un morceau de ce qui semblait être du pain et le donna au petit garçon.
- Tiens, manges ça, je suis certain que tu vas apprécier.
Ironie ou non, Hayden s'empara du "pain" comme si sa vie en dépendait. Mais il dégusta l'offrande de l'inconnu avec tendresse, comme pour le remercier de s'être soucié de lui. Ce qu'il mangeait était très sucré et incroyablement sec, mais il sentit peu à peu ses forces revenir et son coeur reprit un rythme normal, il fut rassuré que cet ange-gardien passe dans les parages pour lui venir en aide. Il n'osait même pas penser à la triste fin qui l'attendait si l'homme ne lui avait pas porté secours.
- Ca doit aller mieux, tu es déjà moins pâle. C'est quand même une drôle d'aventure qui t'es arrivée là, hein ?!
Hayden acquiesca sans dire un mot.
- Pas bavard, n'est-ce pas ?! Mais il serait préférable que tu délies ta langue, afin que tu m'expliques en détail ce qu'il s'est passé. Moi je n'ai vu qu'une paire d'yeux passer devant moi lorsque je t'ai vu sortir de la ruelle. T'en as eu de la veine, mon p'tit !
Alors, il le savait, lui ! C'est ce que pensait Hayden en essayant de regarder le visage de l'homme dissimulé sous sa capuche. Seul son menton grisonnant et mal rasé était visible.
- Allez, lèves-toi maintenant. Il est temps que tu ailles te reposer là où personne ne te voudra de mal. Si tu as encore la force de faire machine arrière et de suivre ton meilleur ami, alors tu ne courras plus aucun danger, crois-moi.
A cet instant, Hayden se sentit perdu. Il ne comprenait pas pourquoi le vieil homme parlait de meilleur ami, il n'en avait jamais eu... Tout le monde l'évitait et jamais il n'aurait osé aborder des personnes pour leur offrir son amitié. Mais il sentait que ce que disait l'homme devait être pris comme une recommandation, et que c'était loin d'être des paroles en l'air. Après tout, il avait le droit de gagner sa confiance... L'homme lui avait sauvé la vie.
- Il est temps pour moi de te laisser mon garçon. J'espère que tu sauras prendre bien soin de toi... Adieu, Hayden.
Le petit garçon regarda l'homme s'éloigner lentement, sa cape virevoletant autour de ses chevilles. Hayden ne fut pas tellement surpris que le viellard sache son nom, après tout, il semblait tombé du ciel pour le sauver, alors qu'il sache comment il s'appelle était la moindre des chose. Hayden ne tenta pas de le suivre, parce qu'il savait au fond de lui que cet être mystérieux venu de nulle-part n'était pas son "meilleur ami" mais un tremplin, un porte vers une nouvelle vie. Après ce qu'il avait vécu, il était persuadé que sa vie ne serait plus pareil. Se retrouver face a des forces maléfiques et être confronté a un personnage pour le moins étonnant était bien la preuve que plus rien ne serait comme avant. Hayden, requinqué, se releva et se mit à marcher vers ce que l'homme avait appelé "son meilleur ami".
Il était loin d'être perdu, il commençait à avoir des repères dans tout le quartier et se retrouvait toujours au clocher de l'Eglise qui était juste à côté du parc. C'est là que le plus souvent il venait pour penser à des choses fabuleuses, des illusions qui l'emmenaient loin de cette fâcheuse réalité. Il se retrouva devant la grille du parc, encore fermée à six heures du matin. Mais Hayden avait pensé à une entrée secrète, il avait enlevé quelques branchages d'une haie qu'il otait et qu'il remettait une fois entré. Il s'exécuta et marcha le long du chemin en pierre qui menait vers l'unique banc du parc, face au lac. Le Soleil pointait à peine le bout de son nez. Hayden s'assit sur le banc, en balançant ses pieds, puisqu'il ne pouvait atteindre le sol. Le lac était son seul échappatoire. Dès qu'il était assis devant, il faisait le vide et repensait à sa vie d'avant, lorsqu'il n'était qu'un nourisson. Il n'avait jamais connu ses parents et ils se les imaginait en train de le câliner, de le prendre dans leur bras et de lui dire qu'ils l'aiment, c'étaient des moments qu'il aurait voulu connaître, des moments uniques, avec des personnes tendres, qui ne se seraient pas moquées de son physique, mais, au contraire, qui lui auraient donné tout l'amour digne d'un enfant, et surtout, une autre vie, hors de la rue, avec un lit prêt pour lui le soir, des repas quotidiens et de quoi jouer des heures entières. Mais il se ravisa, et retourna à la triste vérité, il était seul, perdu et traqué par on-ne-sait-quoi. Une larme coulait le long de son visage, puis une autre vint la rejoindre, puis une autre, jusqu'à ce qu'il engloutisse sa tête entre ses mains et pleurer pour évacuer toute cette souffrance accumulée depuis tant de temps. Il n'avait pas pour habitude de craquer, c'était d'ailleurs la première fois qu'il savait extérioriser tant d'émotions. Il essuya ses larmes, qui coulaient encore, et se réconforta en parlant avec un canard, qui s'était approché de lui. Parler seul, c'était le seul moyen qu'il avait pour ne pas se morfondre dans une solitude inébranlable.
Fatigué d'avoir tant pleuré, Hayden s'endormit aussitôt. A son réveil, il fut aveuglé par la luminosité du Soleil, qui brillait de mille feu. Il avait dormi longtemps, il était presque joyeux d'avoir retrouvé ses forces et d'avoir pu se soulager d'un peu de sa peine. Il s'étira et se leva doucement. Il repensait au viellard, il aurait tellement voulu le remercier de tout ce qu'il avait fait pour lui, car, pour Hayden, c'était déjà une énorme prouesse de s'intéresser à lui, alors le nourrir et l'aider était pour lui deux gestes divins. Il se frotta les yeux et regarda autour de lui. Il entendait les cris des enfants au loin, qui jouaient ensemble, et ça et là, des chants d'oiseaux, des cris d'animaux divers, qu'il considérait comme des êtres sublimes et intelligents, car eux ne le jugeait pas sur son apparence et ne prêtaient pas attention à la balafre de son visage. Les quelques personnes qui longeaient le chemin le regardait lorsqu'il passaient devant lui, parfois en ricanant, parfois en cachant les yeux de leurs enfants, mais Hayden préférait les ignorer. Midi sonnait. Légèrement affamé, Hayden reprit son chemin et décida de faire le tour du parc. Il s'approcha de l'aire de jeux pour la première fois en plein jour, il avait pour habitude de faire de la balançoire tard dans la nuit, lorsqu'aucune âme ne pouvait se moquer de lui. Les enfants s'alarmèrent entre eux de l'arrivée de l'intrus, en chuchotant à l'oreille de leur voisin, en l'ignorant. Hayden fit un pas vers eux. Un des enfants, plus costaud que les autres, s'approcha de lui en même temps.
- Qu'est-ce que tu viens faire là, "tête-rayée" ?
Le caïd le regardait d'un air menaçant, comme s'il était le chef du parc. Mais s'il ne l'était pas, il était clair qu'il menait ses camarades.
- Réponds, mon gars, tu vas pas me dire qu'il t'ont coupé la langue aussi ! Hahaha...
Dans un ricanement sournois, le vilain garnement s'approcha d'Hayden, jusqu'à ce que leurs nez se touchent.
- Tu vas te barrer, avant que je te rayes l'autre joue ! Ici, c'est mon terrain, et y'a pas de place pour les extra-terrestres, d'accord ?! T'as vraiment aucune chance, t'es tout seul !
Hayden sentit les larmes monter en lui, si bien qu'il ne put les contenir. Il pleurait de rage, il aurait tellement voulu pouvoir lui faire subir le mal qu'il lui faisait, mais il dû se résoudre à baisser les yeux. C'est alors qu'Hayden entendit le râle ténébreux, le même souffle hideux qui lui avait tant fait peur. Mais à cet instant, il était presque rassuré de l'entendre... il n'était pas seul. Il pensait très fort à pouvoir faire du mal son adversaire, juste pouvoir lui montrer à quel point la souffrance ne mérite pas sa place dans une vie. Hayden releva la tête, le coeur battant à la fois par la voix qui peinait à respirer que par le fait de ne pas connâitre l'issue de ce "duel". Il regarda le caïd dans les yeux, comme pour lui demander s'il avait entendu le râle. De toute évidence non.
- Pourquoi tu me regardes, face de corbeau ? T'as pas appris le respect envers tes aînés ?
Hayden fut attiré au loin par une lueur rougeâtre qui se déplaçait dans les airs, et il comprit tout de suite que la force maléfique était de retour.
Les yeux s'approchaient lentement des enfants. Hayden contemplait avec satisfaction et espoir ce spectacle, en se disant que la force punairait ceux qui l'avaient agressé. Cette dernière s'approchait encore, en regardant chacun d'entre eux intensivement. Hayden pensait qu'ils s'enfuiraient en courant à la vue de ces yeux de sang, mais tous restèrent immobiles en le fixant, d'un air curieux, à se demander pourquoi il avait les yeux rivés dans les airs, alors qu'il n'y avait rien.
- Mais tu regardes quoi, toi ?! T'es complètement malade ! Si t'essayes de gagner du temps, je te conseille plutôt de partir !
Les yeux étaient maintenant à quelques mètres d'Hayden, il eut de nouveau des sueurs froides et il commença à trembler, de peur que son expérience ne se renouvèle, ce qu'il craignait le plus, c'était qu'elle l'attrape à nouveau, il avait eu très peur à ce moment là, sa cheville avait été serrée si fort que même un homme n'aurait pu l'aider à s'en sortir. Mais la situation était tout autre, il n'était pas vraiment seul, simplement seul contre tous, mais si les yeux lui voulaient du mal, tout le monde le verrait et peut-être qu'ils l'aiderait. La force s'imisca entre Hayden et lâ jeune tête brûlée, elle regardait Hayden. L'intensité de la lueur que dégageait les yeux l'empêchait de voir ce qu'il se passait derrière eux. Hayden regarda la force, plus confiant que la première fois. Il sentit d'énormes mains agripper ses poignets et ses chevilles, en étirant ses membres à leur extême limite. Hayden cria si fort que les enfants du parc s'enfuirent à toutes jambes, le laissant seul avec ce monstre. Il faisait le vide dans sa tête, il repensait aux précieux instants qu'il avait passé avec le vieil homme, celui qui l'avait sauvé d'un trépas certain. C'est alors qu'il entendit un aboiement. Il tourna la tête en misant tous ses efforts dans ce geste. Il entraperçut un chien blanc mais ne put en voir davantage. Il vit cependant la chien s'approcher à vive allure de la tragique scène dont il était aux premières loges et Hayden sentit un infime soulagement l'envahir. Mais quel but pouvait donc suivre ce chien pour l'aider ainsi ?
FIN
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Conte : La mort d'un imbécile
29/10/2007 01:21
La mort d'un imbécile
Une histoire arménienne raconte le voyage d'un homme, dont l'intelligence était assoupie. Un misérable, qui travaillait en vain, prit la décision d'aller se plaindre de son sort auprès de Dieu. Il se mit en route et rencontra un loup, qui lui demanda sa destination. "Je vais me plaindre à Dieu, dit l'homme. Il s'est montré très injuste envers moi.
- Veux-tu me rendre service ? demanda le loup. Du matin au soir, et aussi la nuit, je cours de tous les côtés pour chercher ma pitance. Demande à Dieu : pourquoi as-tu créé le loup, si tu le laisses crever de faim ?" L'homme promit de poser la question et se remit en chemin.
Un peu plus loin, il rencontra une jeune fille charmante. Elle lui demanda le but de son voyage. Il répondit et celle-là répliqua :
- "Je t'en prie, si tu vois Dieu, parle-lui de moi. Dis-lui que tu as rencontré sur la terre une jeune fille charmante, douce, belle, riche, en très bonne santé, et pourtant malheureuse. Que dois-je faire pour connaître le bonheur ?
- Je poserai la question, dit l'homme pauvre."
Un peu plus loin, il s'arrêta pour se reposer, au pied d'un arbre. Or cet arbre, bien que planté dans une bonne terre, restait rabougri, presque sans feuilles. Il interrogea l'homme et lui dit :
- "Pourrais-tu parler de moi, si tu vois Dieu ? Dis-lui que je ne comprends rien à ma destinée. Vois, cette terre est fertile, et pourtant, hiver comme été, mes branches sont nues. Que faire pour porter des feuilles vertes comme les autres arbres, et aussi des fruits ?" L'homme promit à l'arbre qu'il parlerait à Dieu. Et il poursuivit son chemin.
Après une longue marche et des péripéties qui n'ont pas été révélées, il parvint auprès de Dieu, le salua et lui présenta sa supplication.
- "Tu traites tous les hommes de la même façon, lui dit-il. Mais regarde-moi : je travaille de toutes mes forces, le jour comme la nuit, je me prive de tout et je mène une vie de malheur. J'en connais d'autres qui travaillent beaucoup moins que moi et qui mènent une vie douce.
Peux-tu me dire où est l'égalité ? Où est la justice ?
- Je t'offre ta chance, lui répondit Dieu. Saisis-la et tu seras riche et heureux. Va, rentre chez toi !"
Avant de prendre congé, l'homme exposa le cas du loup, de la jeune fille et de l'arbre maigre. Dieu lui fournit les réponses nécessaires. L'homme repartit.
En chemin, il rencontra l'arbre et lui dit :
- "Dieu m'a révélé qu'une grande quantité d'or se trouve cachée juste dessous tes racines. Voilà pourquoi tu ne peux pas te développer. Qu'on enlève cet or et tu auras des branches vertes.
- Merveilleux ! s'écria l'arbre. Vite, creuse entre mes racines et prends l'or !
- Non, non, je ne peux pas, Dieu m'a offert ma chance. Je dois rentrer chez moi et en profiter !
L'homme partit. Il rencontra la jeune fille insatisfaite qui lui demanda :
- "Alors, que t'a dit Dieu ?
- Il m'a dit que, pour connaître le bonheur, tu dois rencontrer un époux qui partagera tes joies et tes peines.
- Epouse-moi ! lui dit la jeune fille. Epouse-moi et nous serons heureux ensemble !
- Je ne peux pas, je n'ai pas le temps ! Dieu m'a offert ma chance et je dois rentrer chez moi pour en profiter ! Adieu ! Cherche un autre époux !"
Et il s'en alla. Un peu plus loin, il rencontra le loup affamé qui lui demanda :
- "Alors, as-tu parlé à Dieu, pour moi ?
- Laisse-moi d'abord te raconter ce qui m'est arrivé, répondit l'homme. J'ai rencontré une jeune fille malheureuse et je lui ai donné la réponse de Dieu : elle doit trouver un époux. J'ai rencontré un arbre sans feuillages, auquel Dieu fait dire : un tas d'or bloque tes racines.
La jeune fille voulait m'épouser, l'arbre voulait me faire creuser pour retirer l'or, mais bien entendu j'ai dit non ! Dieu m'a offert ma chance, il me l'a dit et je dois rentrer chez moi pour en profiter !
- Et moi ? demanda le loup. Est-ce que Dieu t'a donné la solution de mon problème ? Réponds-moi, avant de partir !
- Oui, dit l'homme. Dieu a répondu ceci : le loup marchera affamé sur la terre jusqu'à ce qu'il rencontre un imbécile qui pourra assouvir sa faim.
- Où veux-tu que je trouve plus grand imbécile que toi ?" Il se jeta sur l'homme et le dévora.
FIN
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Incroyable nuit d'Halloween ! 1/4
29/10/2007 04:15
Toute l'histoire d'une incroyable nuit d'Halloween
Partie 1
Alors que le soleil disparaît à peine derrière le sommet des montagnes, j'ouvre les yeux. Au dehors, j'entends l'excitation des gens, et c'est normal, ce soir, c'est Halloween. Déguisements et farces pour tout le monde, les rues sont pleines d'hommes, de femmes, et d'enfants à l'apparence de monstres. Cette agitation communicative, les musiques pleines de gaieté qui filtrent de dehors finissent par évacuer les brumes de ma journée de sommeil. Quel malheur de devoir travailler toutes les nuits et de ne jamais pouvoir vivre le jour, soupirais-je en me levant.
Mais je n'ai pas de raison de grogner, après tout j'ai rendez-vous à une fête, et avec des amis de très longue date ! Des amis que je n'ai pas vus depuis une année, car nous avons pris pour rituel de nous rencontrer chaque soir d'halloween pour faire le point sur nos existences. La vie est parfois compliquée, et on risque souvent de perdre de vue des êtres qui pourtant partageaient le même caractère que nous, et parfois les mêmes malédictions.
En pensant cela, j'ajuste ma cape, veillant à la blancheur de ma chemise, mettant en place mon col. Je suis le portrait craché de Lestat le vampire et cette comparaison est loin de me déplaire.
Au dehors la fête bat son plein, les gens rient comme rarement c'est le cas, et avec mélancolie, je songe que notre 21ème siècle est bien sombre. Heureusement que l'homme sait encore se divertir à quelques rares occasions, j'ai parfois l'impression que c'était plus simple à une époque plus lointaine, quand on ne s'embarrassait pas de machines. Mais comment réellement savoir ? Je ne suis différent de personne et je passe mon temps à critiquer ce qui est, en pensant que c'était mieux dans d'autres temps.
Comme pour m'arracher à ces songes douloureux, je m'efforce de vite franchir la porte, mes bottes résonnent dans l'escalier qui me permet d'atteindre l'ascenseur. En temps normal, je préfère descendre les 20 étages à pied, ça me maintient en forme comme on dit, mais ce soir c'est Halloween, et je veux profiter des rencontres que je vais pouvoir faire.
L'ascenseur descend trop lentement à mon goût, puis s'immobilise au 15ème, pour laisser rentrer dans ce petit univers deux jeunes femmes d'une vingtaine d'année, l'une déguisée en fée, l'autre en sorcière. Elles accompagnent deux enfants : un chevalier et un magicien. Mon déguisement les surprend et l'espace d'un instant, ils semblent tous les quatre prêts à fuir.
- Voyons c'est Halloween ! leur dis-je pour les mettre en confiance.
Finalement c'est le petit chevalier qui rentre le premier, de son épée en mousse, il me menace et me prenant au jeu, je fais semblant d'avoir peur, cela suffit à tous les détendre, et notre ascenseur repart. Les deux demoiselles me regardent, mais la fée plus particulièrement m'observe, scrute mes mouvements, un instant elle semble se perdre en contemplant mes yeux. Je sens son émoi, et je me retiens de sourire, le succès fait toujours plaisir.
Puis les portes s'ouvrent, et la magie de l'instant est brisée.
Les demoiselles et les enfants partent d'un côté, et moi je m'engouffre dans la rue avançant à grands pas. La chaussée fermée à la circulation est noire de monde. Les gens rient et dansent. Sous mes yeux, je vois défiler des hordes de zombies, de sorcières, de momies, mais aussi des super héros comme Spiderman, ou Batman. Je me fraye un chemin entre les Dark Vador, et autres princesses guerrières. Je sens les coeurs battre, je sens la bonne humeur ambiante, la chaleur qui envahit cette grande ville si lugubre en temps normal. J'aime cette ambiance, je sens les regards qui glissent sur mon costume, on me trouve élégant, plein de magnétisme. On se demande où j'ai pu trouver pareil déguisement et comment j'ai été aussi bien maquillé.
Mais je reste un mystère se faufilant entre deux pensées.
J'arrive enfin à mon lieu de rendez-vous, et là dans ce petit restaurant décoré aux couleurs de Halloween, je vois à la table mes vieux amis. Eux aussi attirent l'attention tant ils semblent réels. Il y a là Logan, le loup garou, Annabella la sorcière, Cendrie la succube, Stella la vampire.
Tous des amis de longue date, du moins nous partageons des choses en commun qui nous ont rapprochés. A la vitesse où le monde change, des êtres sauvages comme nous ont dû évoluer pour ne pas disparaître. Être en pensée ou physiquement différent exige une certaine force d'âme, et fréquenter des gens qui peuvent vous comprendre aide à supporter l'étrangeté de sa propre existence.
C'est pourquoi nous tenons à venir trinquer ensemble chaque année à la période de Halloween. On se retrouve et on parle de nos vies, on voit le temps qui défile. Logan a beaucoup vieilli, et sa barbe vire au gris. Cendrie prend de l'âge et paraît moins vive dans ses mouvements. Par contre, Stella est toujours aussi troublante, et Annabella toujours la reine des manipulatrices.
L'espace d'un soir nous ne craignons pas d'être ce que nous sommes. Nous paraissons au grand jour, sans crainte, ni doute. Nos vies font que nous fondre dans la société n'est pas évident, alors nous profitons de ce plaisir de paraître sans masque auprès de gens qui nous ressemblent, qui ont une histoire, un passé en commun. Ce mode de vie que nul autre ne peut comprendre.
Le repas défile à une vitesse hallucinante, certains mangent énormément, d'autres pas du tout. Stella fait les yeux doux à un jeune serveur, à tel point qu'elle le dévore littéralement des yeux. Le jeune homme au supplice, n'attend que le moment où elle souhaitera le déguster... Il ne sera pas déçu !
Pour ma part, je ne touche pas à la nourriture, bien que ma faim soit grandissante. Furtivement je songe à la demoiselle qui m'a regardé dans l'ascenseur, et me demande si j'aurais l'occasion de la revoir cette nuit.
Nous continuons à papoter ainsi, évoquant des vieux souvenirs, puis nous nous séparons. Stella entraînant derrière elle le jeune serveur. Je souris en voyant qu'elle aime toujours autant la chair fraîche.
Cette pensée toutefois éveille ma faim, et c'est avec rapidité que je rejoins mon quartier. Contrairement à mes compagnons, je regrette de ne pouvoir paraître au "grand jour" que la nuit d'Halloween. Pendant tout le repas, j'ai songé à cette beauté brune qui m'observait dans l'ascenseur. J'ai lu dans son regard un petit quelque chose, comme une promesse, comme un goût de fantaisie, une vague possibilité.
Je me sens seul ce soir, ce qui doit influencer mes pensées, mais je me dis qu'elle m'a vu sans masque, elle a vu qui j'étais au-delà du déguisement.
Il y a des gens intuitifs en ce monde, des gens capables de voir au-delà des apparences, et d'oser s'investir dans des histoires abracadabrantes, et ce uniquement car elles sentent un courant particulier se former. Il y a un langage silencieux, je le sais mieux que personne, moi qui passe mes nuits à écouter les battements de coeur des mortels. A cela s'ajoute ma longue expérience, je ne suis pas un débutant, je sais lire les âmes.
Comme pour me faire souffrir, comme pour refuser mes pulsions animales, je décide de ne pas manger cette nuit, dans quelques heures le soleil se lèvera et j'irai dormir avant de reprendre ma vie nocturne. J'aime en me privant de repas, me prouver que je suis maître de mes instincts, que ma nature profonde n'est pas si indomptable.
Pourtant, au bas de mon immeuble, je rencontre cette étrange jeune femme, cette petite fée. Se pourrait-il qu'elle m'ait attendu ? Une chose est certaine, elle sourit en me voyant approcher, sourire que je lui rends. Elle me retient alors en me proposant d'aller boire un café dans le bar juste en face. Je ne me sens pas de résister, et puis c'est Halloween je dois en profiter.
Nous parlons longuement, elle m'observe, scrute mes mouvements et les heures défilent. En peu de temps, j'en apprends beaucoup sur elle, sur sa vie, sur ses rêves. Pour ma part je suis évasif, parfaitement maître de ce que je révèle. Je sais que la nuit va bientôt toucher à sa fin, et demain tout sera différent. J'ai également très faim, et je sens ce sang chaud qui bat dans les veines de cette jolie demoiselle. Pourtant, je n'ose y toucher. Moi qui suis un vampire, moi qui généralement me nourrit chaque nuit du sang de femmes, ne faisant que répondre à mon besoin le plus primaire, cette nuit, avec cette presque inconnue, je ne peux pas !
Un étrange dialogue s'installe entre nous. Une sensation qu'elle se montre également à découvert. Pour elle aussi Halloween est peut-être le seul jour de l'année où elle peut se montrer telle qu'elle est véritablement. Je le comprends à la façon dont elle parle, gardant souvent certaines choses secrètes, je le pressens aux battements de son coeur... Toutefoi, mes dispositions de prédateur, et ma connaissance de la race humaine ne me permettent pas de savoir si elle sait ce que je suis. Je lui laisse pourtant des indices, et à son regard franc qu'elle fixe sur moi, je pense avoir été clair. Mais notre jeu continue. Cherche-t-elle la mort ou bien est-elle une âme en peine en recherche de réconfort ?
Nos sujets de discussion semblent inépuisables, mais l'aube ne va pas tarder, je dois partir. Il est temps de me retirer dans ma demeure. J'hésite avant de la quitter à lui révéler mon identité...
Elle ressent mon trouble, mais ne fait rien pour l'apaiser. Elle tient à me faire la bise avant que l'on se sépare, et son parfum enivrant et charnel est un supplice. Elle éveille ma faim, sa peau paraît brûlante et je ressens le froid qui m'habite constamment, mais je suis incapable de mordre. En s'écartant de moi, au pétillement de son regard, je crois lire un soupçon de quelque chose... M'aurait-elle testé ?
Je n'ai pas le temps d'attendre, et bien vite, je pars. Arrivé à mon appartement, à ma demeure, en fouillant dans ma poche pour trouver ma clé, je trouve un petit bout de papier avec griffonné dessus ce qui ressemble à un numéro de téléphone... Il ne peut être qu'à la petite fée dont je ne connais toujours pas le nom. Comment a-t-elle pu glisser cela dans ma poche sans que je m'en rende compte ? Au moment de se quitter, je présume, quand j'étais tenaillé par la faim...
Je n'ai plus le temps de réfléchir et je me glisse rapidement dans ce cercueil qui me sert de lit, avec toutefois pour dernière pensée : Halloween c'est bien, ça permet aux gens peu ordinaires de paraître sous leur forme naturelle. Mais existe-t-il un avenir à cette journée d'Halloween ? Que se passera-t-il quand demain les masques, les vrais masques, ceux que l'on porte tous les jours, dissimuleront à nouveau les âmes libres qui s'égayaient cette nuit ? Cette fête n'est finalement pas une fête où l'on se déguise, pour moi c'est le seul moment où l'on paraît sans déguisement...
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