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Tout sur Halloween

VIP-Blog de happy-halloween
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  • Créé le : 08/10/2007 00:27
    Modifié : 14/12/2023 03:49

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    Conte : Les Lutins

    25/12/2007 07:13

    Conte : Les Lutins


    Les Lutins

    Un soir de la Toussaint, il n’y a pas longtemps de cela, le neveu du père Gautier, de Saint-Brice, s’en alla chercher du foin dans le fenil pour affourer ses vaches. Quand il fut dans le grenier, il entendit du bruit dans tous les coins, mais sans rien voir. Ce bruit ressemblait à celui que font les ouvriers lorsqu’ils écrasent les pommes à cidre dans les auges de bois ou de pierres.

    Le gars, effrayé, appela son tonton qui monta à son tour dans le grenier de foin, et dit bien poliment aux lutins : « Voulez-vous ben, s’il vous plaît, cesser votre tapage, que je prenne du foin pour ma jument ? » Le bruit cessa ; mais le fermier était à peine sur l'échelle que le tapage recommença, c’étaient les pilous.

    Plusieurs personnes, réunies dans une étable pour la veillée, entendirent les lutins. Le bruit commençait comme s’il n’y avait que deux pilous à marcher : un, deux ; un, deux.

    Paul dit en riant: « Si vous étiez trois, m’est avis que ça irait mieux. » On entendit : un, deux, trois ; un, deux, trois. D’autres personnes demandèrent quatre pilous, cinq pilous, etc., et le nombre de coups allait toujours en augmentant.

    Une autre fois, trois jeunes filles couchées ensemble entendirent les pilous. Elles voulurent imiter les personnes de la veillée, mais elles en demandèrent trop, et les lutins vinrent frapper et marcher sur la carrée du lit. Effrayées, les filles se turent, laissèrent les pilous s’amuser à leur aise, et bientôt tout rentra dans le silence.

    Un vieil avare dit un jour : « Tiens, puisque les pilous viennent chez nous et que nous avons de la filasse à broyer pourquoi ne feraient-ils pas notre besogne, ça nous dispenserait de payer des journalières. »

    Tout joyeux de son idée, il porta un gros paquet de filasse dans son grenier, d’où partait le bruit.

    Le soir, les pilous firent leur manège habituel ; mais le lendemain matin, quand le bonhomme eut grimpé son degré, qu’on juge de sa désolation, lorsqu’il vit sa filasse hachée et éparpillée à tous les vents. Il y en avait partout : sur les poutres, sur les chevrons du toit, dans tous les coins et recoins. Vous dire si l’avare avait le nez long, et s’il eut envie de recommencer.

    Autre part, on entend ces lutins dans le coin du foyer ou dans les murs de la maison, malgré tout ce qu’on peut faire, il n’est pas possible de les apercevoir.

    FIN






    Conte Irlandais : Le fantôme des arbres

    25/12/2007 07:35

    Conte Irlandais : Le fantôme des arbres


    Le fantôme des arbres

    Dans l'ancien temps, il y avait un homme qui s'appelait Pâdîn Ruadh 0'CeaIlaigh et qui demeurait au pied de la colline du Petit-Nêifin. Il était marié, mais il n'avait pas d'autre enfant qu'une fille, qui était aveugle de naissance. Voici le nom que lui donnaient les voisins: Nora Dall (Nora l'aveugle), et ils avaient l'idée qu'elle avait des rapports avec les bonnes gens.

    Pâidîn n'avait dans sa ferme que deux âcres de terre, et pour cette raison, il était très pauvre; il était dehors chaque nuit, qu'il fît humide ou sec, froid ou chaud, il ne savait pas ce qui l'attirait dehors, mais il était d'une nature remuante et il ne pouvait pas rester chez lui. Dans l'ancien temps, les gens croyaient que tous les pûca et les fantômes de la terre sortaient la nuit de Samhain  pour détruire les mûres, et les gens n'auraient pas mis la moindre mûre dans leur bouche après cette nuit-là. Mais Pâidîn n'avait peur de rien au monde.

    Une nuit de Samhain, Pâidîn sortit, comme il en avait l'habitude, et il marcha jusqu'à ce qu'il arrive à la hauteur d'une vieille cill (nom de l'enclos qui contient l'église et le cimetière). Il y avait un arbre élevé dans la cill. La lune était dans son plein et elle donnait une belle lumière; Pâidîn regarda en l'air et il vit un homme grand qui sautait d'arbre en arbre. Tous les cheveux qu'il avait sur la tête se dressèrent et une sueur froide commença à couler sur son corps; il ne pouvait pas mettre un pied devant l'autre. Le fantôme sauta à terre, s'arrêta devant Pâidîn et lui dit :

    - N'aie pas peur de moi, je ne te ferai aucun mal ; tu as bon courage et je vais te montrer la troupe des fées de Connacht (Connaught) et de Mûmhan (Munster) en train de jouer à la balle sur le sommet de la colline du Grand-Nêifin.

    II saisit Pâidîn par les deux mains, le jeta sur son dos comme une femme jette un enfant d'un an, sauta sur l'arbre et, en route, d'arbre en arbre, jusqu'à ce qu'il arrive au sommet du Grand Nêifin et qu'il dépose Pâidîn doucement et mollement au sommet de la colline. La troupe des fées de Connacht et celle de Mûmhan ne furent pas longues à arriver; elles se mirent à jouer à la balle en présence de Padraic et du fantôme, et jamais homme vivant n'avait vu une chose aussi amusante: Pâidîn riait tant qu'il pensa éclater. À la fin, le roi de la troupe des fées de Connacht s'écria :

    - Hé ! fantôme des arbres, quelle est la troupe qui a gagné  la partie? 
    - La troupe de Connacht, dit le fantôme. 
    - Tu es en train de dire un mensonge, dit le roi de la troupe des fées de Mûmhan, et nous allons combattre avant d'abandonner la partie aux gens de Connacht.

    Ils commencèrent à combattre et ce n'était pas un combat pour rire qu'ils livrèrent, on brisa des crânes, des mains et des pieds et la colline fut rouge de sang. Le roi des fées de Mûmhan jeta un cri à la fin, et dit : 

    - Paix, je vous cède la victoire cette fois-ci, mais nous combattrons de nouveau la nuit de Bealtaine. 

    Alors le fantôme des arbres dit aux deux rois: 
    - Payez cet homme en vie que j'ai amené ici, vous n'auriez pas pu jouer à la balle sans lui. 
    - Tu dis vrai, dit le roi de la troupe des fées de Connacht, et il tendit une bourse d'or à Pâidîn. 
    - Je ne serai pas moins généreux que lui, dit le roi de la troupe des fées de Mûmhan, et il lui tendit une autre bourse, et en un tour de main, les deux troupes disparurent. 

    Alors le fantôme lui dit : 
    - Tu as pas mal d'argent maintenant, y a-t-il quelqu'autre chose que tu désirerais? 
    - Oui, en vérité, il y en a, dit Pâidîn : j'ai une fille qui est aveugle de naissance, et je voudrais bien qu'elle vît clair. 
    - Elle verra clair avant que le soleil ne se couche, demain soir, dit le fantôme, si tu suis mon conseil. Il y a un petit buisson qui croît sur la tombe de ta mère; prends-en une épine et enfonce-la dans la pustule qui est derrière la tête de ta fille, et elle verra aussi bien que toi; mais si tu racontes ton secret à n'importe quel homme vivant, elle deviendra aveugle de nouveau. Il est temps pour nous maintenant de nous en aller, car j'ai à te montrer ma demeure avant que tu ne retournes chez toi.

    Alors, il prit Pâidîn des deux mains, il le jeta sur son dos et, en route, il ne s'arrêta pas jusqu'à ce qu' il le dépose sous le grand arbre, dans la cill, doucement et mollement. Puis il saisit l'arbre, le souleva et dit : 
    - Suis-moi. 
    Pâidîn entra et le fantôme tira l'arbre après lui; ils descendirent un bel escalier et arrivèrent à une grande porte; il ouvrit la porte et ils entrèrent. Quand Pâidîn regarda autour de lui, il vit bon nombre de gens qui étaient morts dans son voisinage, des années auparavant; quelques-uns souhaitèrent la bienvenue à Pâidîn et ils lui demandèrent quand il était mort : 

    - Je ne suis pas mort encore, dit Pâidîn. 
    - Tu plaisantes, dirent-ils, et s'il n'était pas vrai que tu es mort, tu ne serais pas ici au milieu de la troupe des trépassés. 
    Le fantôme s'approcha, et dit: 
    - Ne crois pas ces gens-là; tu as une longue vie heureuse devant toi; viens avec moi maintenant; il sera temps pour toi de retourner à la maison. Voici pour toi un petit pot, et n'importe quand tu auras besoin de nourriture, frappe trois coups sur la pierre et dis : « Nourriture et boisson, et gens de service », et tu auras tout ce que tu désires, mais si tu t'en sépares, tu t'en repentiras. Voici aussi pour toi un petit sifflet, et, n'importe quand tu seras en détresse, souffle dedans, et tu seras secouru, mais, sur ton âme, ne t'en sépare pas.

    Là-dessus, il enleva Pâidîn ; il le laissa sur la route et lui dit : 
    - Sur ton âme, ne raconte à nulle personne vivante aucune des choses que tu as vues cette nuit.  
    Pâidîn alla chez lui, à la pointe du jour, et sa femme lui demanda où il avait passé la nuit. 
    - Je n'ai pas flâné, dit-il. 
    Il déposa le petit pot et il dit :
    - "nourriture et boisson",  mais il avait oublié de frapper les trois coups sur la pierre et il ne vint rien du tout; il se rappela alors, il frappa les trois coups et deux jeunes femmes sautèrent hors du pot, mirent la table, et dessus toutes sortes de choses à manger et à boire aussi bonnes que celles qui étaient sur la table du roi. Pâidîn et sa femme et Nôirîn Dall mangèrent et burent bien leur content et quand ils eurent fini, les jeunes femmes entrèrent dans le pot et Pâidîn mit la pierre dessus. Alors il dit à sa femme : 

    - Nôirîn ne sera pas longtemps aveugle, je vais la guérir sans retard, mais ne me demande pas de renseignements à ce sujet, car je ne puis pas t'en donner. 
    - Tu es en train de te moquer de moi, dit la femme, elle est aveugle de naissance. 
    - Attends à voir, dit Pâidîn. 
    Et le voilà sorti, et il ne s'arrêta pas qu'il ne fût arrivé au buisson qui croissait sur la tombe de sa mère; il trouva l'épine et vint à la maison; il saisit Nôirîn, il enfonça l'épine dans la pustule et elle s'écria: 
    - Je vois tout! 
    La mère se frotta les mains de joie et dit à Pâidîn : 
    - L'amour et la veine de mon coeur, c'est toi; tu es l'homme le meilleur qu'il y ait au monde. 

    Ensuite, il frappa trois coups sur la pierre du petit pot et dit : 
    -"Nourriture et service". 
    Ces mots n'étaient pas plus tôt hors de sa bouche que les deux femmes sortirent du pot; mirent la table devant Pâidîn, et dessus, toutes sortes de choses meilleures que celles qui étaient sur la table du roi ; ils mangèrent et burent, lui, sa femme et Nôirîn, tout leur content, et, quand ils eurent fini, les jeunes femmes mirent tout dans le pot, elles y entrèrent elles mêmes et Pâidîn mit la pierre sur le pot.

    Le bruit se répandit que Pâidîn avait beaucoup de richesses, et tout ce qu'il désirait. Les gens furent remplis d'envie, et se dirent les uns aux autres qu'il n'était pas juste qu'il fût en vie, et ils formèrent un complot pour le tuer; mais il y avait parmi eux un ami; c'était le frère de la femme de Pâidîn, et celui-ci le prévint. Pâidîn mit le sifflet dans la bouche; il souffla dedans et peu de temps après, il entendit murmurer à son oreille : 
    - Sors, et prends les herbes qui sont dans ton jardin, au pied du mur ; manges-en et donne le reste à ta femme et à ta fille, et chacun de vous aura autant de fois la force d'un homme qu'il y a de cheveux sur vos têtes. Avec le maillet qui est sur le mur de ta maison, tu peux battre tout ce qu'il y a d'hommes dans la paroisse. 

    Au matin, le lendemain, les hommes et les femmes du village vinrent pour tuer Pâidîn ; ils l'appelaient Lorgadân  et Fearsidh (homme-fée) et dirent que s'il ne sortait pas, ils brûleraient la maison par-dessus sa tête. Pâidîn vint à la porte, leur dit de s'en retourner chez eux, qu'il n'avait fait de tort à aucun d'entre eux; mais rien ne pouvait les satisfaire, sinon le meurtre de Pâidîn. Pâidîn saisit le maillet et la femme un manche de bêche et la fille un ribot de baratte et les voilà sortis; les gens qui étaient dehors autour de la. maison les attaquèrent, mais Pâidîn ne fut pas long à les mettre en déroute; il en laissa la moitié étendus par terre, et il ne lui causèrent pas d'autre désagrément à partir de ce jour. 

    Il est vrai, le dicton, qu'une femme ne peut pas garder un secret, et ce même dicton devint vrai alors; la femme de Pâidîn parla du petit pot à une autre femme; celle-ci le raconta à une autre, en sorte que l'histoire passa de bouche en bouche jusqu'à ce qu'elle arrive aux oreilles du seigneur de la terre: celui-ci vint trouver Pâidîn et dit: 
    - J'ai entendu dire que tu avais un pot merveilleux; montre le-moi. 
    Pâidîn lui montra le petit pot et alors le seigneur lui dit : 
    - Montre-moi la vertu qui est en lui. 
    Pâidîn frappa trois coups sur la pierre du pot et dit:
    - "Nourriture et service."

    Il n'avait pas plus tôt dit ces mots que les deux jeunes femmes sautèrent hors du pot et mirent la table avec de la nourriture et de la boisson dessus, devant Pâidîn et le seigneur.

    - Par ma main, dit celui-ci, voilà un bon pot; il serait juste que tu me le prêtes un jour, car il y a des gentilshommes qui iront me rendre visite, un jour de la semaine qui vient. 

    Pâidîn réfléchit à ce qu'il ferait, et enfin il dit : 
    - Le pot n'aurait aucune vertu si je n'étais pas présent. 
    - Tu peux venir, et tu seras le bienvenu, dit le seigneur de la terre, mais sois bien habillé. 
    - Je le serai, dit Pâidîn, car il était fier d'être parmi les gentilshommes. 
    - Lundi matin sois à ma maison, et sur ton âme ne me manque pas de parole, dit le seigneur. 

    Le lendemain, Pâidîn acheta un nouveau vêtement complet et quand il l'eut mis, il avait si bon air qu'il s'en fallut de peu que sa femme et sa fille ne le reconnussent pas. Le lundi matin, il prit avec lui le petit pot et il alla à la maison du seigneur. Il y avait là une grande réunion de gentilshommes; le seigneur fit entrer Pâidîn et le petit pot dans le salon, et dit :

    - Fais préparer de la nourriture et de la boisson que je voie s'il y en aura assez pour rassasier ces gentilshommes. 
    Pâidîn frappa trois coups sur la pierre du pot et dit :
    - "Nourriture, boisson et gens de service." 

    Sur-le-champ, six jeunes femmes sautèrent ensemble hors du pot, elles dressèrent une belle table, et dessus il y avait à boire et à manger toutes sortes de choses meilleures les unes que les autres.

    Le seigneur invita alors les gentilshommes; ils entrèrent et ils furent pleins d'admiration quand ils virent la belle table et tout ce qui était dessus; ils mangèrent et burent leur content, mais bientôt, un sommeil lourd s'empara d'eux tous et quand ils s'éveillèrent, le toit de la maison avait disparu sans qu'on sût ce qu'il était devenu. Le petit pot, le sifflet et les deux bourses d'or de Pâidîn avaient disparu, et il était aussi pauvre qu'il avait jamais été. 

    Pendant qu'il était plongé dans le sommeil de l'ivresse, un lorgadân était venu qui avait emporté le tout, et le malheur tomba sur Pâidîn parce qu'il n'avait pas gardé le secret de son ami, le fantôme des arbres.

    FIN

    Douglas Hyde






    Conte Breton : La mort à dîner

    25/12/2007 07:51

    Conte Breton : La mort à dîner


    La mort à dîner

    Ceci se passait au temps où les riches n'étaient pas trop fiers et savaient user de leur richesse pour donner quelquefois un peu de bonheur au pauvre monde.

    En vérité, ceci est passé depuis bien longtemps. Laou ar braz était le plus grand propriétaire paysan qui fût à Pleyber-Christ. Quand on tuait chez lui, soit un cochon, soit une vache, c'était toujours un samedi. Le lendemain, dimanche, Laou venait au bourg, à la messe matinale. La messe terminée, le secrétaire de mairie faisait son prône, du haut des marches du cimetière, lisait aux gens assemblés sur la place les nouvelles lois ou publiait, au nom du notaire, les ventes qui devaient avoir lieu dans la semaine.

    "A mon tour !" criait Laou, lorsque le secrétaire de mairie en avait fini avec ses paperasses. 
    "Ca ! disait-il, le plus gros cochon de Kéresper vient de mourir d'un coup de couteau. Je vous invite à la fête du boudin. Grands et petits, jeunes et vieux, bourgeois et journaliers, venez tous ! La maison est vaste : et à défaut de la maison, il y a la grange ; et à défaut de la grange, il y a l'aire à battre."

    Vous pensez si, quand paraissait Laou bras sur la croix, il y avait foule pour l'entendre ! C'était à qui ramasserait les paroles de sa bouche. On assiégeait les marches du calvaire.

    Donc c'était un dimanche, à l'issue de la messe. Laou lançait à l'alligrapp (à l'attrape qui pourra) son annuelle invitation : "Venez tous ! répétait-il, venez tous !" A voir les têtes massées autour de lui, on eût dit un vrai tas de pommes, de grosses pommes rouges, tant la joie éclatait sur les visages. "N'oubliez pas, c'est pour mardi prochain", insistait Laou.

    Les morts étaient là sous terre. On piétinait leurs tombes. Mais en ce moment-ci qui donc s'en souciait ? Comme la foule commençait à se disperser, une petite voix cassée interpella Laou ar Braz. 
    - "Me iellou ive ?" (irais-je aussi moi ?)
    - "Damné soit-je ! s'écria laou, puisque je vous invite tous c'est qu'il n'y aura personne de trop."

    La joyeuse perspective d'un grand repas à Keresper fit que beaucoup de gens se soûlèrent ce dimanche là, que pas mal d'autres se soûlèrent encore le lundi, pour mieux fêter le lendemain la mort du prince (l'un des sobriquets du cochon). Dès le mardi matin, ce fut une interminable procession dans la direction de Keresper. Les plus aisés suivaient la route en chars à bancs ; les mendiants s'acheminaient, par les sentiers de traverse, sur leur béquille. Chacun était déjà attablé devant une assiette pleine, lorsqu'un invité tardif se présenta. Il avait l'air d'un misérable. Sa souquenille de vieille toile, toute en loques, était collée à sa peau et sentait le pourri.

    Laou ar Braz vint au-devant de lui et lui fit faire une place. L'homme s'assit, mais ne toucha que du bout des dents aux mets qu'on lui servait. Il s'obstinait à garder la tête baissée et, malgré les efforts de ses voisins pour entrer en conversation avec lui, il ne desserra pas les lèvres, de tout le repas. Personne ne le connaissait. Des anciens lui trouvaient la mine de quelqu'un qu'ils avaient connu naguère, mais qui était mort, voici beau temps. Le repas prit fin. Les femmes sortirent pour jacasser entre elles, les hommes pour allumer une pipée. Tout le monde était en joie.

    Laou se posta à la porte de la grange où avait eu lieu le festin, afin de recevoir le trugaré, le merci de chacun. Force gens bredouillaient et titubaient. Laou se frottait les mains. Il aimait bien qu'on s'en allât de chez lui plein jusqu'à la gorge.

    "Bien ! dit-il, il y aura, ce soir , dans les douves des chemins aux abords de Kéresper des pissées aussi grosses que des ruisseaux." Il était enchanté de lui, de ses cuisinières, de ses tonneaux de cidre et de ses convives. Soudain il s'aperçu qu'il y avait encore quelqu'un à table. C'était l'homme à la souquenille de vieille toile.

    "Ne te presse pas, dit Laou en s'approchant de lui. Tu étais le dernier arrivé ; il est juste que tu sois le dernier parti, Mais ajouta-t-il, tu risques de t'endormir devant une assiette et un verre vide."

    L'homme avait, en effet retourné son assiette et son verre. En entendant les paroles de Laou, il leva lentement la tête. Et Laou vit que cette tête était une tête de mort. L'homme se mit sur pied, secoua ses haillons qui s 'éparpillèrent à terre, et Laou vit qu'à chaque haillon était accroché un lambeau de chair pourri. L'odeur qui s'en exhalait, et aussi la peur, le prit à la gorge. Laou retint son haleine pour n'aspirer point cette pourriture et demanda au squelette :

    - "Qui es-tu et que veux-tu de moi ?"

    Le squelette, dont les os se voyaient maintenant à nu comme les branches d'un arbre dépouillé de ses feuilles, s'avança jusqu'à Laou et, lui posant sur l'épaule une main décharnée, lui dit :
    "Trugaré, Laou ! Quand je t'ai demandé au cimetière, si je pouvais venir aussi, tu m'as répondu qu'il n'y aurait personne de trop. Tu t'avises un peu trop tard de t'informer qui je suis. C'est moi qu'on nomme l'Ankou (la mort). Comme tu as été gentil pour moi, en m'invitant au même titre que les autres, j'ai voulu te donner à mon tour une preuve d'amitié, en te prévenant qu'il ne te reste pas plus de huit jours pour mettre tes affaires en règle. Dans huit jours je repasserais par ici en voiture, et, que tu sois prêt ou non, j'ai mission de t'emmener. Donc, à mardi prochain ! Le repas que je te ferais servir ne vaudra peut-être pas le tien, mais la compagnie sera encore plus nombreuse. " A ces mots, l'Ankou disparut. 

    Laou ar Braz passa la semaine à faire le partage de ses biens entre ses enfants ; le dimanche, à l'issue de la messe, il se confessa ; le lundi, il se fit apporter la communion par le recteur de Pleyber-Christ et ses deux acolytes ; le mardi soir, il mourut. Sa largesse lui avait valu de faire une bonne mort.

    Ainsi soit-t-il pour chacun de nous !

    FIN

    Anatole LE BRAZ






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