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Conte : Le petit mineur
25/12/2007 10:55
Le petit mineur
Le petit mineur est le lutin protecteur des ouvriers de la mine, qu’il affectionne et qu’il aime. Passant sa vie au milieu d’eux, il surveille, inspecte les travaux, et évite autant qu’il le peut des malheurs à ses amis.
Si un travailleur s’asseoit, un instant, pour se reposer ou pour manger un morceau de pain dans un endroit dangereux, aussitôt le petit mineur l’en prévient. Il fait pleuvoir dru comme grêle, sur la tête de l’ouvrier, de la poussière, des graviers et même des cailloux pour l’obliger à déguerpir au plus vite.
D’autres fois, lorsque les terrains doivent s’écrouler sans qu’on s’en doute, ou bien encore quand les échafauds et les boiselages sont pourris et menacent de s’effondrer, le lutin qui voit tout, qui entend tout, donne l’alarme. Il frappe des coups précipités et distincts aux endroits dangereux ; il imite, à s’y méprendre, le bruit des craquements souterrains et fait prendre la fuite aux mineurs. Ceux-ci vous affirmeront même qu’ils ont été appelés par leurs noms au moment d’une catastrophe. Les faits sont venus trop souvent, hélas ! confirmer les prédictions du petit mineur, et n’ont fait qu’accroître, comme on le pense, son pouvoir surnaturel.
Pendant des manœuvres de pompes, de halage de cages de minerai, au moment où quelque travailleur courait un danger imminent, soit qu’il fût prêt à passer quand la cage descendait dans le puits, soit dans toute autre circonstance périlleuse, on a entendu, soudain, au milieu des ténèbres, et au moment suprême, des commandements étranges qui avaient pour effet de conjurer le danger ; ce danger passé, personne n’avait donné d’ordres ; ce ne pouvait donc être que le petit mineur.
Que de fois n’a-t-on pas vu des puits sur le point d’être abandonnés parce que leurs galeries étaient devenues stériles. Les ingénieurs, les directeurs, avaient déclaré que toutes les recherches était désormais inutiles, qu’il n’y avait plus rien à espérer. Soudain, au milieu du silence profond de ces noirs souterrains, des coups de pioche se faisaient entendre, mais très distinctement, à intervalles réguliers, et lorsqu’on se dirigeait du côté du bruit, on reconnaissait que la terre avait été fouillée. En creusant le sol, à cet endroit, on retrouvait le filon perdu.
Les mineurs de Pont-Péan ont une telle croyance dans le lutin, que la veille de la Sainte-Barbe, ils vont le consulter pour savoir s’ils mourront dans l’année. Ils descendent à cet effet dans la mine, à leurs chantiers, et là, chaque mineur allume une chandelle qu’il laisse brûler. Si la lumière s’éteint avant d’être consumée, c’en est fait de leur existence : le génie invisible est passé qui a fixé le terme de la vie de son protégé.
FIN
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Conte : La tête du mort
28/01/2008 03:37
La tête du mort
Il y a bien près de cent ans, une jeune femme vint s’offrir comme domestique dans une auberge de Pont-Péan, qui servait de pension à des employés de la Mine. Elle semblait honnête et fut acceptée.
Cette femme, étrangère au pays, était fort belle, mais d’une beauté étrange : ses yeux noirs, durs et brillants, semblaient lire jusqu’au fond de l’âme de ceux qu’elle regardait. Jamais elle ne riait ni ne plaisantait avec qui que ce soit, et semblait même sous l’empire de souvenirs pénibles.
Elle produisit une vive impression sur l’esprit d’un comptable de la Mine, qui en devint éperdument amoureux.
Il demanda sa main qu’elle refusa d’abord, bien que ce fut un parti avantageux pour une servante. Le jeune homme ne se découragea pas : il redoubla d’attentions pour elle, et s’y prit de telle façon qu’il finit par vaincre sa résistance et la décida à l’épouser.
Le jour de la noce ayant été fixé, le fiancé alla, selon l’usage, inviter ses parents et amis à son mariage.
L’idée d’épouser cette belle fille, qu’il aimait de tout son cœur, le rendait fou de joie et, dans chaque maison où il entra, il accepta de boire et de trinquer à la santé de la nouvelle mariée ; aussi, en s’en revenant, était-il d’une gaîté extraordinaire.
En passant par un chemin creux, il mit le pied sur un gros caillou rond qui le fit trébucher.
— Toi aussi, dit-il au caillou, en éclatant de rire, je t’invite à ma noce.
A son grand étonnement, il entendit le caillou lui répondre :
— J’accepte ton invitation et tu peux être certain que j’assisterai à ton mariage.
Le jeune homme cessa de rire, se baissa et au lieu d’un caillou vit une tête de mort.
Ses cheveux se dressèrent sur sa tête, une peur effroyable s’empara de lui, et il se sauva à toutes jambes jusqu’à Pont-Péan.
Quand il arriva dans le village il était tard, et tout le monde dormait. Il rentra seul dans sa chambre où son sommeil fut agité jusqu’au lendemain matin ; mais lorsqu’il vit le jour pénétrer chez lui, il crut avoir fait un mauvais rêve et attribua à l’ivresse l’histoire de la tête de mort qu’il finit par oublier complètement.
La messe de mariage eut lieu à Bruz. Après la cérémonie,on alla manger la beurrée dans les divers cabarets du bourg et l’on ne revint à Pont-Péan que pour le repas.
C’était en octobre ; la nuit vient de bonne heure et, lorsque les invités entrèrent dans la grange où le festin devait avoir lieu, il faisait quasiment nuit. On alluma quelques quinquets fumeux apposés aux poutres.
Les servantes apportèrent les soupières pleines de soupe.
Lorsqu’on enleva le couvercle de celle qui avait été placée devant la mariée, il en sortit une tête de mort qui se mit à sauter sur la table autour des assiettes et des plats.
Les femmes jetèrent des cris perçants et se sauvèrent. La mariée eut une crise de nerfs, perdit connaissance, et l’on fut obligé de l’emporter chez elle. Aussitôt qu’on l’eut enlevée, la tête de mort disparut et les hommes, se rassurant les uns les autres, se remirent à table où ils furent rejoints par les bonnes femmes alléchées par l’odeur des mets qui parvenait jusqu’à elles.
Bientôt les têtes s’échauffèrent, car les mineurs boivent ferme, et les chants commencèrent.
Lorsque, vers dix heures, le marié put, sans contrarier ses amis, aller rejoindre sa femme, il rentra chez lui.
La pièce était dans l’obscurité la plus complète. Il avança doucement vers le lit, et appela sa bien-aimée par les noms les plus tendres. Personne ne lui répondit. Il approcha davantage et mit la main sur l’oreiller où il supposait que devait reposer une tête fraîche et charmante.
Il recula d’horreur : ses doigts s’étaient posés sur le crâne froid et glacé de la tête de mort.
— Ne crains rien, lui dit celle-ci : il vaut mieux, pour toi, que tu me trouves ici que celle que tu cherches, qui est possédée du démon.
Elle est partie au loin sans même songer au chagrin qu’elle allait te causer.
Non, l’infâme n’est plus là. Elle a fui pour m’éviter, mais je saurai la rejoindre.
Je l’ai aimée plus que toi peut-être,cette misérable sans cœur et sans entrailles qui, après s’être donnée à moi, a voulu recouvrer sa liberté. Elle n’a pas hésité, pendant que je dormais à côté d’elle, à me trancher la tête à coups de hache.
Par d’habiles mensonges, elle a pu faire croire à son innocence et éviter le châtiment de son crime ; mais la tête qu’elle a coupée la poursuivra jusqu’à sa dernière heure.
FIN
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La légende du Diable
06/03/2008 19:51
La légende du Diable
La légende rapporte que Robert Johnson est devenu le bluesman de talent que l’on connaît, après avoir rencontré le diable à un carrefour. Drôle d’histoire du Sud profond, des contes et des fables de la musique du bleu à l’âme.
Et pourtant, il y a de nombreuses années, s’est passé quelque chose d’incroyable, non pas dans le Sud des USA, mais cette fois-ci dans la France profonde, celle du terroir, qui sent l’humus et bien plus encore.
Le gars dont il est question dans cette histoire, n’était pas né du côté de l’Alabama ou de la Géorgie, mais dans l’une de nos provinces bucoliques qu’il n’est pas nécessaire de nommer ici. Nous dirons qu’il était de la campagne, un point c’est tout. Et voilà qu’au lieu d’écouter de l’accordéon comme tous les jeunes et les vieux de son village, il s’était entiché du blues, de cette drôle de musique qui faisait froncer les sourcils de sa mère, et plus particulièrement de Robert Johnson.
Le gars en question, un quadragénaire s’appelant Siméon, rêvait de réussir un jour à jouer de la guitare et à chanter comme son idole du Mississippi.

Dans le patelin où il habitait, le seul carrefour que l’on pouvait trouver, était celui dit « des 4 parcelles », soit les quatre surfaces d’un immense champ de pommiers appartenant au dénommé Rufus Mangevin, délimitées par deux routes départementales qui se croisaient.
Le Rufus Mangevin était un paysan sanguin aimant la chair sous toute ses formes, et l’on racontait qu’il ne se privait guère de conter fleurette aux jeunes saisonnières qui venaient chez lui pour la récolte des pommes ; même qu’il avait peut-être poussé la plaisanterie un peu trop loin avec l’une de ses dernières recrues. En effet, celle-ci n’était pas rentrée chez elle à la ville, et les gendarmes avaient dû enquêter et même interroger le Rufus. Mais ça n’avait pas été plus loin.
Seulement, peu de temps après, alors que Siméon se baladait dans la campagne, il vit le Rufus au volant de son tracteur au carrefour des 4 parcelles. C’était la fin de l’après-midi, mais il faisait encore très chaud. Le Rufus regarda Siméon d’un air narquois, puis d’un coup il se passa quelque chose d’extraordinaire qui eût pu laisser croire à Siméon que le soleil avait cogné trop fort sur son crâne. En effet, le visage du Rufus se métamorphosa.
Sa bouille pleine, un tantinet rougeaude, agrémentée d’une épaisse moustache noire qui prenait naissance sous son nez camard et recouvrait sa lèvre supérieure, s’allongea, et une barbe en pointe apparut. Et pour finir, une paire de cornes se dressa sur sa tête. Siméon en était certain, il était en présence du diable, de Belzébuth, de Méphisto, enfin, peu importe comment on veut l’appeler.

Siméon secoua vigoureusement sa tête, et aussitôt, il revit l’air narquois du Rufus : ce dernier avait repris son apparence habituelle. Il passa aussitôt devant Siméon avec son tracteur, et lui lança un « salut ! »
Le soir même, chez lui, Siméon repensa à ce qui lui était arrivé, et à Robert Johnson qui avait rencontré le diable au carrefour, comme il le chante dans « Crossroads blues ».
Et quand sa mère fut endormie, n’y tenant plus, il prit une pelle, une lanterne qui avait appartenu à son oncle ancien lampiste à la SNCF, et partit dans la nuit.
Il avait ressenti comme un appel, et il marcha en s’éclairant de sa lanterne sous un ciel étoilé. Il arriva au carrefour des 4 parcelles, et son flair de descendant de braconniers qui reniflaient le sol pour pister leurs proies, l’incita à prendre sur la droite, le tronçon de route d’où revenait le Rufus l’après-midi même.

Alors son flair n’en fut que plus aiguisé. Il longea sur environ un kilomètre un alignement de pommiers, puis s’arrêta soudain, et demeura attentif. Quelques secondes s’écoulèrent, puis il repartit, et s’aventura sur sa droite entre deux rangées d’arbres fruitiers. Il s’arrêta de nouveau, et tenant sa lanterne bien devant lui, il découvrit un renflement de terre.
Il repensa aussitôt à la jeune fille qui avait disparu. Il l’avait bien remarquée. Elle était grande, avec toujours la même chemise sur le dos ; une hippie qui ne voyait pas non plus l’utilité de changer de blue-jeans, sans doute parce qu’elle était à la campagne.
Siméon posa sa lanterne dans l’herbe, puis commença à creuser la terre à grand coups de pelle. Il dégagea au bout d’un moment une fosse assez profonde, et ce fut alors qu’il heurta quelque chose de dur. Cela le fit frémir, et il lâcha sa pelle. Puis il récupéra sa lanterne, et l’approcha en tremblant de la fosse. Il vit tout de suite au fond un grand sac d’engrais ayant l’air de contenir ce qui pouvait bien être un cadavre.
Siméon soupira, et ce fut alors qu’une voix s’exclama : — Alors espèce de bourrique, tu es content de toi ! Siméon sursauta, et vit tout de suite le Rufus tenant un fusil. Ses traits étaient déformés par la haine, et Siméon devait craindre le pire. — Puisque t’es si curieux, reprit le Rufus, tu vas aller la rejoindre dans son trou. Elle était aussi bourrique que toi, alors, comme ça, vous vous entendrez bien ! Puis il mit en joue Siméon, prêt à tirer.

Mais d’un coup, l’expression de haine disparut du visage du tueur, pour laisser place à la surprise. Siméon comprit ce qui se passait, lorsqu’il eut braqué sa lanterne sur les pieds du Rufus, et vit qu’une main terreuse lui enserrait une cheville. Et dans les secondes qui suivirent, la main dotée manifestement d’une très grande force, attira le Rufus vers la fosse, jusqu’à ce qu’il fût les deux pieds dedans. Il lâcha alors son fusil de stupeur, et Siméon s’enfuit dans la nuit.
Une fois chez lui, il se rendit compte qu’il avait bien ramené sa lanterne, mais oublié sa pelle. Il passa le reste de la nuit à claquer des dents, et resta sans sortir pendant trois jours, tant il était malade de trouille.
Pendant ce temps, on s’était bien sûr aperçu de la disparition du Rufus, et les gendarmes s’étaient lancés à sa recherche. Ce fut lors de la réapparition de Siméon au café du village, que celui-ci apprit qu’on avait retrouvé le Rufus mort au fond d'une fosse, avec son fusil qu’il serrait sur sa poitrine.
Et à son grand étonnement, Siméon n’obtint aucune information quant à sa pelle, et surtout au cadavre qui avait précédé le Rufus dans la fosse. Pendant trente ans, Siméon ne fut plus capable d’écouter le moindre disque de blues, et notamment Robert Johnson.
Et s’il s’y hasarda à nouveau au cours de la soirée qui précéda sa mort, jusqu’à son dernier souffle, il ne remit en tout cas plus un seul pied au carrefour des 4 parcelles.
FIN
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